92 points sur 100. C’est le score qui a permis, fin 2022, à la maternité de l’Archet (plus de 3500 naissances l’année dernière) de décrocher le label THQSE (très haute qualité sanitaire, sociale et environnementale). Echelon or, s’il vous plaît. L’aboutissement d’un travail de tous les instants, débuté depuis déjà plusieurs années, afin de mieux prendre en considération la santé des mamans, des bébés, des personnels et les conséquences de son activité.
Recyclage des biberons
Durable rime en effet avec global. La maternité a naturellement cherché à réduire son impact environnemental. Côté déchets, le tri sélectif fonctionne pour les emballages plastiques, le papier, les piles, les ampoules, et même les matelas. « La maternité a été précurseur dans de nombreuses filières de recyclage. Son équipe est très réceptive », s’est félicité Florent Bachelin, référent pilotage du développement durable au CHU, au cours du webinaire tenu le 26 septembre.
Grâce à un partenariat avec TerraCycle, les biberons suivent le même chemin et génèrent même de modestes recettes. « L’hôpital a ainsi récupéré une petite somme d’argent qui lui a permis d’acquérir un lave-linge et d’améliorer le confort des patientes en grossesse pathologique », a relevé Gabrielle Hortala, sage-femme coordinatrice. Pour l’instant, le CHU n’a pas opté pour des contenants en verre, même s’il réfléchit à la question. Le risque d’exposition aux perturbateurs est moindre car « chez nous, les nourrettes ne sont pas chauffées. Le lait est donné à température ambiante », a argué la sage-femme.
Bye bye les bombes désodorisantes
Les traditionnelles boîtes cadeaux ont fait leurs adieux. Les mamans récupéraient les échantillons et l’hôpital se retrouvait avec tous les cartons sur les bras. Toujours dans cette logique éco-responsable, la conciergerie du CHU propose des produits plus en phase avec la démarche de la maternité. Côté repas, la maternité a voulu limiter autant que possible le gaspillage. Elle fournit un menu spécifique à ses patientes. Elle leur propose aussi une cuisine accessible en self-service, avec des plages horaires adaptées au biorythme des mamans et des nouveaux nés.
La maternité azuréenne a également traqué tous les équipements et pratiques qui pouvaient nuire à la santé de son personnel et de ses patients. Pour éviter les perturbateurs endocriniens en réchauffant au micro-ondes les repas livrés dans des barquettes en plastique, de la vaisselle réutilisable est disponible. Elle a aussi pris des mesures pour réduire l’exposition aux nuisances sonores et aux champs électromagnétiques (l’imprimante et le micro-ondes ont été changés de place) et pour améliorer la qualité de l’air intérieur. Les bombes désodorisantes, polluantes, ont été bannies.
Cartographie des produits
Grâce à l’agence Primum Non Nocere, tous les produits ont été passés en revue et des alternatives recherchées. La maternité achète désormais des couches, fabriquées en France, sans parfum, sans lotion, sans blanchiment au chlore, ainsi que des mini biberons non stérilisés à l’oxyde d’éthylène. En lien avec le service d’hygiène, certaines pratiques ont été revues. Les antiseptiques ont disparu de plusieurs protocoles au profit de l’eau et d’un savon bio (lire notre article du 10 juillet 2023).
La maternité a aussi fait le ménage côté nettoyage : utilisation de la vapeur entre deux séjours, ouverture systématique des fenêtres lors de la réfection des chambres, lavage du sol sans chimie. Elle est en train d’acquérir de nouveaux produits détergents, désinfectants et détartrants moins dangereux pour le personnel et la planète.
Collaboration indispensable avec les achats
Envoyer certains produits aux oubliettes et les remplacer n’est pas sans conséquences sur les marchés. Ces changements impliquent donc une « collaboration indispensable » avec les achats, a insisté Florent Bachelin. Lorsqu’on évoque le portefeuille, le référent développement durable du CHU niçois répond que la démarche est viable. « Globalement, c’est compliqué à calculer parce qu’il s’agit de prendre en compte l’inflation », a-t-il admis. Mais les dépenses sont soit moindres, soit « iso » en fonction des catégories de produits, en raison de l’arrêt de leur utilisation ou d’une consommation plus raisonnée. Pour preuve, le CHU de Nice a bien l’intention de conserver cette philosophie. « Ce n’est jamais fini. Nous avons décidé de poursuivre la démarche THQSE pour les deux crèches de l’hôpital », a annoncé Florent Bachelin.