Un dispositif de brossage dentaire par vibration sonique

Pour faciliter le brossage dentaire des résidents en établissements de soins et d’hébergement et réduire les coûts induits par une mauvaise hygiène bucco-dentaire, la société lyonnaise FasTeesH a conçu et commercialisé en 2019 un produit breveté et fabriqué en France. Des vibrations soniques nettoient les dents en dix secondes. La solution pourrait aussi intéresser les SSR et les services de réanimation.

Le dispositif HesY © FasTeesH
Benjamin Cohen, co-fondateur et PDG de la startup lyonnaise FasTeesH, s’est lancé voilà quatre ans dans la recherche d’une solution technologique innovante afin de résoudre les problèmes de brossage dentaire des personnes âgées en établissements de soins et d’hébergement. Aidé dans sa réflexion par des professionnels du bucco-dentaire et de la dépendance, l’entrepreneur s’est d’abord attaché à comprendre les difficultés rencontrées par le personnel soignant, notamment au sein des établissements pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et des maisons d’accueil spécialisées (MAS). « Les aides-soignantes disposent de très peu de temps, voire de pas de temps du tout, pour exercer le nettoyage avec une brosse à dents classique, indique le startuper. Par ailleurs, la technicité du geste de brossage sur autrui nécessite un personnel formé, ce qui n’est pas toujours le cas. »

Les coûts induits par la mauvaise hygiène bucco-dentaire

En outre, une mauvaise hygiène bucco-dentaire n’est pas sans conséquences sur l’état de santé général des résidents et par conséquent sur les coûts induits pour les établissements qui les prennent en charge. « La littérature scientifique montre que la dénutrition, fortement liée à la mauvaise santé bucco-dentaire puisqu’elle réduit la capacité masticatoire, engendre un surcoût de 10 000 € par an et par résident en EHPAD, affirme Benjamin Cohen. Sachant que le taux de dénutrition peut aller jusqu’à 90 % dans un établissement, il suffit de faire le calcul ».

Au sein de l’EHPAD Les Lilas (Val-de-Marne), qui compte aujourd’hui 72 résidents, Carole Billé, cadre de santé, accueille des personnes âgées dépendantes dont le degré d’autonomie est variable. « Elles réalisent seules ou accompagnées des aides-soignants les actes d’hygiène quotidiens, notamment en matière bucco-dentaire, explique-t-elle. Un dentiste évalue leur état bucco-dentaire dès leur arrivée dans l’établissement. S’il y a un problème médical ou relevant de l’hygiène, l’accompagnement est systématiquement fait par le dentiste. » « Avoir un dentiste est un luxe que peu d’EHPAD peuvent s’offrir », reconnaît Sébastien de Benalcazar, directeur adjoint de l’établissement.

Le souci est le même pour les populations plus jeunes. Sandra Minoux, une des deux infirmières de l’établissement public médico-social (EPMS) de Chancepoix (Seine-et-Marne), concentre, quant à elle, toute son attention sur la prévention bucco-dentaire des trente résidents âgés de 6 à 14 ans, parmi la centaine de jeunes de 6 à 20 ans que compte l’établissement. « Nous travaillons de façon individuelle avec une brosse manuelle et du dentifrice, indique-t-elle. Nous essayons aussi d’interagir avec les familles, mais elles ne sont pas toujours accessibles. A cet âge, les enfants ne sont hélas pas encore assez réceptifs à l’hygiène bucco-dentaire. »

Brossage en 10 secondes grâce à des vibrations soniques

Un double défi s’est alors imposé à l’équipe de FasTeesH : gagner du temps dans la réalisation du geste de brossage et résoudre les difficultés liées à la technicité.
Pas moins de trois années de recherche et développement, s’appuyant sur le savoir-faire de dentistes spécialisés dans la dépendance, de 150 professionnels de santé et du gérontopôle de Saint-Etienne ont été nécessaires pour aboutir au nouveau dispositif de brossage.
Commercialisé depuis février 2019, sous le nom de HesY, le dispositif médical conçu et breveté par FasTeesH, permet aux soignants d’effectuer sur les personnes âgées un brossage dentaire simultané en 10 secondes grâce des « vibrations soniques douces » transmises à une brosse en forme de « Y ». « Nous avons mené des tests d’usage avec les soignants, explique le dirigeant de la startup. Des tests in vitro et in vivo ont également été conduits. Et nous avons déjà amélioré le dispositif grâce à différents retours, concernant par exemple l’intensité des vibrations ».

Cent euros par an et par patient à la charge de l’établissement

« Je ne suis pas sûre que l’on gagnerait en temps et en efficacité avec un dispositif comme HesY », pondère toutefois Carole Billé, « tout changement de rituel est source d’angoisse pour nos résidents. Il faut prendre le temps de les préparer en amont, de leur expliquer, de négocier. C’est d’autant plus compliqué pour ceux qui souffrent de troubles cognitifs, visuels, de praxie ». « L’introduction de nouvelles technologies n’est pas si évidente que cela dans nos établissements, ajoute le directeur adjoint. Cela peut être plus facile dans les foyers-logements. »

D’un coût de 100 euros par an et par patient, à la charge de l’établissement, le dispositif HesY est aujourd’hui utilisé dans une trentaine de structures, notamment des EHPAD (grands groupes privés, associatifs et publics) et certains foyers d’accueil spécialisés pour adultes handicapés. « Cela concerne une population de 5 000 résidents pour l’année 2019, confie Benjamin Cohen, sur l’ensemble du territoire et particulièrement en Auvergne- Rhône-Alpes, Île-de-France et PACA ». Le dispositif devrait ensuite être commercialisé auprès des établissements de soins de suite et de réadaptation et des services de réanimation.

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