Ré-uni veut initier des gants « made in Europe »

Né en avril 2020 au cœur de la première vague, le consortium Ré-uni a pour but de sécuriser l’approvisionnements des produits d’équipements individuels, y compris en développant l’achat souverain. Il vient de lancer un nouvel appel d’offres pour des gants pour la période 2022-2026, avec, comme condition d’exécution, leur future production sur le territoire de l’Union européenne.

250 millions de gants d’examen nitriles et vinyles, 645 000 surblouses textiles, 200 000 pyjamas de blocs, 17 millions de tests antigéniques, et 450 hôpitaux, EHPAD ou collectivités locales clients. Voilà le premier bilan du consortium Ré-uni, né au printemps 2020, alliance du Resah et d’UniHA, les deux principales centrales d’achat du monde de la santé (lire notre article du 22 avril 2020)

Assurer l’approvisionnement des produits et leur qualité

Le rapprochement a débuté entre le duo, au plus fort de la première vague de coronavirus, à la demande du ministère de la Santé, alors qu’on s’arrachait les EPI un peu partout dans le monde, quitte à s’emparer de stocks sur les tarmacs. « On a décidé de s’engager dans une politique d’achat commune sur les EPI en se disant qu’il fallait réunir les forces des deux organismes pour atteindre une taille critique en termes de moyens et d’expertise, pour répondre aux besoins en temps normal et en cas de montée en charge », a expliqué Dominique Legouge, DG du Resah, lors d’une conférence organisée par Santexpo.

La force de frappe dégagée par le consortium lui donne les moyens d’assurer un accès aux approvisionnements, au juste prix. L’association des deux centrales a un autre atout, celui de pouvoir s’assurer de la qualité des produits, y compris dans des contextes bouleversés comme celui d’une crise sanitaire. « L’intérêt, c’est d’être plus perspicace dans la sélection des offres », a insisté Bruno Carrière, DG d’UniHA.

De futurs gants « made in UE »

Mais le consortium, par son poids, incarne aussi un acteur incontournable au processus de réindustrialisation du vieux continent. Les patrons des deux centrales ont annoncé la couleur lors de Santexpo. « La commande publique hospitalière, surtout Ré-uni, peut être un levier extrêmement puissant de relocalisation d’une industrie à l’échelle européenne et notamment française », a déclaré Dominique Legouge. « Grâce à la masse représentée, on devient un interlocuteur dans des processus en amont de l’achat », a ajouté Bruno Carrière.

Le passage à l’acte n’a pas tardé. Portant sur l’acquisition de gants, le dernier appel d’offres de Ré-uni, publié au BOAMP le 17 mars, sort de l’ordinaire non seulement par son volume, 1,8 milliard de pièces pour la période 2022-2026, mais aussi par l’une de ses conditions d’exécution. Il sera en effet exigé de l’attributaire, sur le fondement de l’article L. 2112-4 du code de la commande publique, que les gants en question soient produits sur le territoire de l’Union. La consultation a pris le soin de laisser le temps aux industriels de s’organiser. Le fournisseur retenu aura jusqu’en juin 2022 pour prouver qu’il remplit cette condition.

Les impacts environnementaux et sociaux pris en compte

Ré-uni a bien l’intention de perdurer bien au-delà de l’épisode Covid. D’abord parce que l’hypothèse d’autres crises, sanitaires ou non, n’est pas à exclure. Ensuite parce que le consortium veut contribuer sur le long terme à la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement des EPI. « Mais on ne s’interdit pas d’aller sur d’autres sujets dès lors qu’on pense qu’il y a un intérêt commun à pouvoir construire quelque chose ensemble au bénéfice des professionnels de santé au sens large », a indiqué Bruno Carrière.

Sans essayer d’écraser les tarifs à tout prix. « Dans les dossiers qui seront lancés dans les prochains mois, le prix ne sera pas un facteur déterminant. Aujourd’hui, on sera attentifs à la capacité du fournisseur de garantir une livraison des produits, d’escalader en termes de rythme de production en cas de crise nouvelle, et nous serons très sensibles à la qualité des produits mais aussi aux impacts environnementaux et sociaux de leur fabrication », a insisté Dominique Legouge.

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