Ségur de la santé : les établissements médico-sociaux à l’épreuve du terrain

Faire une nouvelle place aux personnes âgées et/ou handicapées commence assurément par leur offrir un nouveau cadre de vie. Ouverte par le Ségur de la santé, une ligne de près de 2,5 milliards d’euros soutient donc la réalisation de centaines de projets médico-sociaux plus ouverts sur la vie et la ville d’ici 2025, dont 1,5 milliard pour les seuls Ehpad. Sur le terrain, les chantiers se préparent…

EHPAD de Lamagistère © CH 2Rives

L’EHPAD Pierre Comby de Rozay-en-Brie (Seine-et-Marne) compte parmi les 800 établissements « priorisés » par les ARS, en lien avec les conseils départementaux. Et y voit la sortie d’un long tunnel : « Rénovée pour la dernière fois en 1994, notre structure ne répondait plus aux exigences actuelles, ni en termes de confort, ni au regard de la dépendance croissante de nos résidents. Mais faute de ressources financières sur un département aux Ehpad nombreux, le projet de restructuration patientait depuis huit ans ! », raconte la directrice, Pascaline Potet.

© Ehpad Pierre Comby

Certes, le programme se voit réactivé, « au plus mauvais moment », regrette-t-elle, redoutant l’inflation d’un budget estimé hier à 13 millions d’euros. Mais ces années ont aussi permis de le faire maturer pour proposer aujourd’hui une offre de soin « projetée sur plusieurs décennies ». Outre des chambres plus confortables et une unité nouvelle dédiée aux résidents atteints de troubles cognitifs, l’opération s’appuiera en effet sur une plateforme de services (accueil séquentiel, accueil de nuit, consultations ouvertes sur la ville…), en interdépendance avec le projet de regroupement conduit parallèlement avec trois autres structures du territoire. Dans ce cadre, « le « Ségur » constitue bien une formidable opportunité pour auditer nos structures dans une démarche appréciative, chercher les complémentarités locales et, effet essentiel en cette période, redynamiser les équipes », affirme la responsable de l’établissement.

Quelques difficultés en chemin

©B11 Architecture

Même enthousiasme du côté de Valence d’Agen et Lamagistère, deux établissements rattachés au GHT de Tarn-et-Garonne sous l’égide du Centre hospitalier des deux rives. Pour ce dernier, il y avait aussi urgence, son bâtiment le plus ancien datant du XIXe siècle. « Le Plan d’aide aux investissements (PAI) nous a permis de lancer enfin l’économétrie d’un projet, dont le montant de 7,7 millions d’euros sera soutenu à hauteur de 40 à 50 % », rapporte le directeur, Laurent George. Mieux encore : « nos sites bénéficient également du PAI du quotidien, 35 000 euros pour améliorer la vie des résidents comme des équipes par l’installation de rails au plafond et la création d’une plateforme de rééducation », ajoute-t-il.

Pour autant, la dynamique ne fut pas sans difficulté : « Nous avons un peu essuyé les plâtres » reconnaît le responsable d’établissement. Contrôle sur pièces dans le cadre des obligations européennes (le Ségur de la Santé fait l’objet d’un remboursement de l’Union européenne), mais aussi concertation du Conseil de la vie sociale ainsi que des professionnels avant mise en conformité et achats, puis mesure de la satisfaction une fois l’investissement réalisé…

« Les critères manquaient, tout comme les process à suivre, la somme des demandes étant de toute façon incompatible avec le timing du dépôt de dossier », explique-t-il, saluant néanmoins la disponibilité de l’ARS départementale. L’appui du GHT 82 a aussi été décisif pour préparer le schéma directeur immobilier : « nous avons pu profiter de leur marché à bon de commande pour faire appel à des AMO dont l’expertise s’est révélée absolument indispensable pour franchir cette étape majeure. »

Des aides indispensables

Si avoir été identifié par les ARS ouvre grande la porte, reste en effet à parcourir ensuite, sans faux pas, le chemin jusqu’à la réalisation. Guides en ligne gratuits proposés par l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements sociaux et médico-sociaux (Anap), accompagnement aux montages juridiques et financiers par la direction générale du Trésor (lire notre article du 6 juin 2022)… Les soutiens ne manquent pas aux EHPAD bénéficiaires du PAI sur cette longue route de la maîtrise d’ouvrage, « impossible à emprunter seul dans les délais impartis sans être rompu à ces questions », assure Nicolas Bordet.

© EPSMS Ar Goued

À la tête de l’EPSMS Ar Goued (Côtes d’Armor), ce dernier a donc, lui, carrément opté pour le nouveau marché du Resah, spécialement concocté pour couvrir le cycle des « programmes Ségur », depuis leur schéma patrimonial jusqu’à la conduite des travaux. Implantée sur une dizaine de sites avec plus de 30 000 m2 habitables, la structure d’accueil et d’hébergement pour enfants et adultes handicapés réclame en effet une restructuration totale face à la désinstitutionalisation.

« Mais faut-il se recentrer sur le diagnostic précoce, étendre les ateliers de l’ESAT ou encore créer une cuisine centrale ? », interroge son responsable… « Arrêter le scénario le plus efficient tout en satisfaisant, par des méthodologies appropriées, les diverses obligations de durabilité et de maîtrise d’usage qu’impose l’exercice, exige un niveau d’expertise inexistant sur ces sujets en interne », poursuit-il, concluant « nous avons donc préféré nous faire accompagner. »

 

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