Parc auto : les CHU modernisent la gestion des flottes

À la tête d’un parc vieillissant, les CHU cherchent à réduire sa taille et à rationaliser leur utilisation. En rationalisant l’utilisation des véhicules en interne, et en privilégiant d’autres moyens de transport pour les déplacements courts. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à basculer vers un mode de location longue durée.

À Nantes, un magasin et des quais mais plus de garage.

« C’est l’urgence, une base de données sur le taux et les modes d’utilisation de nos véhicules. C’est pourquoi, d’ici quelques mois, tous les véhicules seront équipés d’électronique embarquée. Sans cela, nous repartirions sur un renouvellement quasi complet du parc sans autre indication, j’exagère à peine, au fil des remarques du personnel se plaignant de voitures de service trop vieilles ».

Parc âgé

Matthieu Fleureau

Directeur logistique du CHU de Toulouse, Matthieu Fleureau vit ce que vivent, peu ou prou, de nombreux collègues dans d’autres établissements. Ils sont d’abord et avant tout à la tête d’un parc vieillissant. Moyenne d’âge, 12,5 ans, par exemple à Reims. À Nantes, 10 ans pour les véhicules légers, 13 ans pour les utilitaires, 14 ans pour un minibus. C’est un peu moins pour les cinq petites ambulances, qui parcourent 30 000 km par an. Elles sont changées tous les 7 ou 8 ans.

« Fin 2019, nous étions à 12 ans de moyenne, poursuit Matthieu Fleureau. Les factures de réparations explosaient. Nous étions sur le point de ne plus pouvoir répondre aux demandes des services. Nous nous sommes donc débarrassés de 130 véhicules sur 200, remplacés par des locations. »

Des pools de véhicules et plus d’affection par service

La vétusté des flottes de ces CHU s’explique par le fait qu’elles roulent peu. « Le taux de renouvellement est faible. 50 000 km au compteur au bout de 10 ans, c’est fréquent. C’est ce qui fait que nous avons encore beaucoup de diesel », indique par exemple Hervé Paillusson, responsable de la plateforme logistique du CHU de Nantes.

Hervé Paillusson

Partout, ces faibles kilométrages incitent à réduire le nombre de voitures. Les gestionnaires cherchent à supprimer l’affection « à l’ancienne » de véhicules par service et à la remplacer par des pools de voitures mises à disposition sur réservation uniquement. Hervé Paillusson, à Nantes, va consulter les services concernés en commençant par la direction du CHU.

Il a pour objectif en 2022 de lancer une application dédiée sur smartphone. « Il faut faire évoluer le système en apportant de nouveaux avantages », précise-t-il. Ainsi, à Toulouse, Matthieu Fleureau a ajouté à la réservation sur smartphone, la suppression des clés, à venir chercher, et les voitures ouvertes grâce au badge professionnel, « un gros gain de confort ».

Des vélos, des trottinettes

Autre rationalisation en cours en vue de réduire le nombre de voitures à Toulouse, des vélos sont fournis pour les déplacements courts. Et finalement, à la fin de l’année, une location de longue durée concernant dix Renault Clio ne sera pas reconduite. En 2022, la coupe sera plus importante, après étude plus précise des flux grâce à l’informatique. A Reims, des vélos électriques sont proposés au service logistique pour les déplacements internes à l’hôpital et des trottinettes aux coursiers de nuit. Avant aussi un examen plus poussé grâce à un nouveau logiciel.

À Amiens, où la trottinette a aussi fait son apparition (Lire notre article du 19 juillet 2021), Imad Fakhri, ingénieur en charge de la logistique, songe à mettre au rancard l’un des dix poids lourds de sa flotte à l’occasion du déménagement du CHU Nord au CHU Sud. « La décision n’est pas prise, il s’agira peut-être de ne réduire que son tonnage, mais cela fait partie des choix qu’il faut être prêt à faire pour optimiser notre performance tout en nous adaptant aux besoins. A côté de l’immobilier, il y a notamment le travail à l’échelle du GHT et l’essor des équipes mobiles ».

Fin des garages internes ?

Les garages internes sont aussi devenus sources potentielles d’économies. Pas à Reims, où il effectue 80 % des réparations. « Avec une rapidité d’intervention qui fait notre valeur ajoutée mais qui n’est pas atteinte dans les 20 % d’interventions sur les poids lourds entretenus à l’extérieur », souligne Romuald Klein, responsable du garage central qui fait travailler un responsable d’atelier et trois mécaniciens.

À Toulouse, en deux ans, on est passé de cinq à deux mécaniciens. À Amiens, c’est deux. Le CHU de Nantes, lui, n’a plus du tout de garage depuis longtemps. Hervé Paillusson gère à la place trois contrats d’entretien, un pour chaque type de véhicules (poids lourds, véhicules légers, utilitaires et ambulances). « Un système très efficace », assure-t-il.

La carte LLD

Les CHU basculent de plus en nombre vers la location de longue durée. A Toulouse, les 130 Renault Kadjar louées depuis deux ans coûtent 200 000 € avec deux jeux de pneus et 30 000 km au maximum pour chacune pendant quatre ans. Mais l’orientation est prise. Le CHU n’investira plus, a priori, dans l’achat de la moindre voiture dans les années qui viennent.

Imad Fakhri

Dans la Somme, Imad Fakhri estime que « la location a fait ses preuves ». Il en fait même la composante d’un nouveau « standard hospitalier ». Cette location de longue durée dont il exclut les véhicules spécifiques comme les ambulances du SMUR, il l’envisage maintenant chaque fois qu’un véhicule est à remplacer. En deux ans, elle remplit 35 % des besoins du parc.

L’occasion aussi

De plus, la location apporte, selon lui, davantage de souplesse à l’heure du « verdissement » obligatoire des parcs avec ses contrats de quatre ans, au lieu de cinq pour amortir un véhicule en propriété dans les comptes. Florin Ardéléan, au CHU de Reims, fait des loueurs des alliés dans ce nouveau chantier. Il attend d’eux qu’ils lui proposent enfin des véhicules électriques.

Hervé Paillusson, à Nantes, reste plus circonspect. « La faiblesse des kilométrages ne plaide pas en faveur de la location de longue durée. Pas pour les véhicules neufs. Mais je suis preneur si les loueurs proposent des véhicules d’occasion. A la location, comme à l’achat, je suis pour de l’occasion ! Pour les véhicules communs, c’est-à-dire en dehors des ambulances ! »

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