Lille Métropole : une centrale prometteuse et durable

Seulement trois ans d’existence, et déjà très mature. La centrale de la Métropole européenne de Lille (MEL) peut se targuer d’excellents résultats, avec des gains achats estimés à 20% et 97% de marchés exécutés sans bavure. Mais la structure métropolitaine est aussi un fer de lance en matière de RSE, avec des achats et une politique fournisseur plus responsables. Les titulaires sont ainsi invités à procéder à une évaluation inversée des marchés, en donnant leur avis.

Répondre au plus juste besoin, simplifier les marchés, accroître l’efficacité des contrats, et améliorer la qualité environnementale et sociétale des achats. Le 7 avril, lors du comité de pilotage annuel de la centrale d’achat de la Métropole européenne de Lille (CAM), Christian Mathon, vice-président délégué à la gestion des ressources humaines et à l’administration, a rappelé la raison d’être de la jeune structure – elle a soufflé ses trois bougies en début d’année – dont les services sont réservés à ses 109 adhérents, autrement dit les communes du territoire et leurs établissements.

73 % de PME attributaires

Déployée dans dix thématiques, son offre (55 marchés notifiés pour un volume de 10 millions d’euros), qui s’étend des matériels de signalisation de chantier à la sécurité des manifestations en passant par les objets promotionnels ou une structure mobile de stationnement vélos, est complémentaire des autres centrales, soulignent ses responsables.

Sur ses 43 fournisseurs, 48 % sont implantées sur le territoire de la métropole, 60 % dans la région Hauts-de-France. Les chiffres donnés par la CAM montrent que la mutualisation n’est un frein à l’accès des petites entreprises à la commande publique : 73 % des titulaires de la centrale sont des PME.

97 % de marchés exécutés sans litige, ni rupture

De gauche à droite à la tribune le 7 avril : Vincent Place, Christian Mathon et Christophe Amoretti-Hannequin.

Depuis 2019, la CAM ne cesse de monter en puissance, puisqu’elle a plus que quadruplé son nombre de marchés. Et comme le disait Corneille, la valeur n’attend pas le nombre des années. D’autant que la performance et le pilotage font partie des 5 P chers à la CAM (avec le parcours achat, la programmation, le partenariat et le partage des données).

Les gains achats sont estimés à 20 %. Et les économies obtenues en termes de procédures valorisées à plus de 2,7 millions d’euros. La centrale territoriale peut s’enorgueillir de l’absence de marché infructueux (moyenne de 3 offres pour 75 % de ses lots). Et aussi du fait que 97 % des marchés ont été exécutés sans litige ni rupture.

Evaluation inversée

Le travail de la CAM démontre aussi que la mutualisation est un bon moyen pour les acheteurs, petits et grands, de privilégier une approche plus durable. 63 % des lots intègrent un critère RSE. 8 % des attributaires viennent de l’économie sociale et solidaire (ESS). Mais la centrale veut aussi devenir un « partenaire privilégié » des entreprises, une position appréciable en ces temps incertains, marqués par des crises à répétition, avec une politique fournisseur responsable, pilier souvent oublié de la RSE.

Ses marchés sont donc pilotés de façon mutuelle pour améliorer constamment la qualité de la prestation et sécuriser les délais d’approvisionnement au profit de tous les adhérents. Des réunions préparatoires au déploiement du marché ont été réalisées avec 95 % des titulaires. Près d’un quart des fournisseurs font l’objet d’un suivi particulier dans le cadre d’une démarche de progrès.

La CAM demande aussi à ses fournisseurs d’évaluer, de manière inversée, ses marchés. Les prestataires donnent leur vision, via une notation de 0 à 3 (relation commerciale, réactivité, conformité de l’exécution, délais de livraison, délai moyen de paiement…). Ils sont également invités à faire des propositions dans le but d’intégrer des innovations.

Pas d’achat durable sans offre durable

« Progresser dans l’achat durable passe forcément par un partenariat avec les fournisseurs », a insisté Vincent Place, directeur adjoint chargé des achats à la MEL. Ce qu’a confirmé Thomas Lesueur, le commissaire général au développement durable, venu en personne présenter le nouveau PNAD, qualifié de « grand défi collectif ». Il n’y aura pas d’achat durable, « transformation profonde de notre système économique », sans offre durable. « Il faut que l’on bouge ensemble », a déclaré le délégué interministériel en saluant la démarche métropolitaine « inspirante ».

Une position partagée par Christophe Amoretti-Hannequin, « impressionné » par l’aventure collective nordiste. Le directeur finance responsable et achats de France Urbaine est lui aussi convaincu que la mutualisation est un levier de restructuration de l’offre. Et un outil pertinent pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par les lois Climat et AGEC.

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