Le CH de Lannion nettoie ses façades par drone

L’hôpital de Lannion a fait pulvériser par drones un fongicide contre un champignon rouge qui défigurait ses façades. Les drones vont aussi lui permettre de repérer les points cachés de déperdition de chaleur de ses différents bâtiments.

© Dronelis

Le désagrément se présentait sous la forme de traces brunâtres dégringolant du dessous des gouttières. Un champignon, une algue rouge, apanage de régions humides, entachait les façades sud-ouest, les moins ensoleillées, les moins offertes aux vents de ce bâtiment construit en 1976. Le végétal pouvait altérer les murs plus en profondeur. Fin novembre, deux drones les ont aspergés d’un fongicide biologique, composé à 80 % d’eau. Les façades ont depuis, peu à peu, retrouvé leur couleur blanche d’origine.

875 litres en deux jours

Ce n’était pas tout à fait une première pour le CH de Lannion. Il y a un peu plus d’un an, une première société locale de drones avait effectué la même opération. Elle a cessé son activité depuis. La seconde, Dronelis, créée à Nantes en 2016, installée depuis à Lyon, Bordeaux et Paris, apparaît plus solide.

Pendant deux jours, ses deux drones, conduits par quatre pilotes jusqu’à plus de plus de 20 mètres de hauteur ont consommé 875 litres de solution fongicide pour les 3500 m2 de façades concernées. Sans intervention mécanique sur les murs, sans y toucher.

Une opération qui ne pouvait s’effectuer, une fois les autorisations obtenues de l’aviation civile et du SAMU – qui avait éventuellement un hélicoptère à faire voler en même temps – que dans des conditions de sécurité bien précises : pas de vent soufflant à plus de 15 km/h ; un périmètre de sécurité suffisant pour des appareils volant à 25 m de haut et raccordés à des bidons de produits actifs au sol.

Une autre fois au printemps

© Dronelis

« L’intervention par drone dure beaucoup moins longtemps, deux jours contre quinze et coûte bien moins cher que les quelque 50 000 € demandés par les cordistes ou des hommes perchés sur des nacelles mobiles », observe Philippe Benoît, responsable des achats et de la logistique. Même s’il faut éventuellement accélérer, derrière, le programme annuel de nettoyage des vitres.

Même aussi, en ajoutant que les drones rééditeront l’exercice en mai ou juin, en fonction de la réaction des murs au traitement de base. « Son effet dans le temps peut évoluer avec le réchauffement climatique mais d’après les fournisseurs du fongicide, nous n’aurons plus à recommencer avant cinq ou six ans », indique Philippe Benoît.

Amélioration des drones

L’entreprise de drones n’était jamais allée aussi haut en façade. Elle changera quelques petites choses au printemps. La durite – tuyau de raccordement aux bidons – sera plus rigide. « Il y a eu beaucoup de crashs dans notre activité. Nous restons donc très prudents. Nous fabriquons nos propres drones et les améliorons sans cesse. Nous démontons tout après chaque intervention. Cette fois, l’humidité était notre principal souci. Pour qu’elle n’atteigne pas l’informatique présente dans notre moteur, nous l’avons isolé dans un caisson étanche. Et cela a bien fonctionné », explique Guillaume Richard.

Dronelis, 17 salariés, reste avant tout spécialisée dans le nettoyage des toits, les « démoussages » de toutes sortes. « Dans les hôpitaux, nous avons longtemps été reçus sans que rien de concret ne débouche par la suite. Aujourd’hui, ils commencent à faire appel à nous au titre de la prévention. Nous proposons d’ailleurs des contrats de maintenance annuels. Ils restent ainsi vigilants sur l’état de leurs bâtiments », indique Guillaume Richard.

Cartographie du bâtiment en 3D

© Dronelis

À Lannion, ses drones avaient, avant d’intervenir, dressé une cartographie en 3D du bâtiment aux tâches rouges. « La modélisation initiale d’un hôpital comme celui de Lannion coûte environ 2500 €. Mais, en ce moment, en dehors d’être vendus dans des magasins de bricolage, nous prospectons département par département. Si nous intervenons sur plusieurs bâtiments dans le même endroit, le coût peut baisser à 1000 € », indique Guillaume Richard.

L’examen avait permis de choisir les endroits à traiter. L’entreprise aime d’ailleurs de plus en plus à se définir comme une entreprise d’isolation énergétique et du BTP. Elle revendique même de disposer des outils l’intelligence artificielle pour détecter toutes les pathologies des constructions avec le temps.

L’hôpital lui a demandé de cartographier ses autres bâtiments et de détecter les points de perte de chaleur sur l’ensemble. « Cela viendra compléter les mesures réalisées de l’intérieur et sera plus précis », estime Philippe Benoît.

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