+ 13 % par an. C’est la croissance moyenne par an des dépenses de médicaments anticancéreux dans le monde entre 2017 et 2021. La France consacre plus de 21 milliards d’euros aux traitements contre le cancer. Une évolution expliquée par l’augmentation des patients pris en charge, celle de la durée des traitements, et aussi par la hausse des nouveaux médicaments mis sur le marché. 21 par an depuis 2017 contre 5 en 2012.
Car, depuis deux décennies, la lutte contre la maladie a connu une « révolution » avec la mise au point de nouveaux remèdes (thérapeutiques ciblées, inhibiteurs de points de jonction immunologiques, cellules lymphocytaires génétiquement modifiées -cellules CAR-T), rappelle le récent rapport de l’Académie de médecine. Certains contribuent à faire reculer le taux de mortalité : -58 % entre 1990 et 2020 chez les hommes, -36 % entre 2002 et 2020 chez les femmes dans le cas du cancer du poumon.
Mais cette révolution a aussi changé la donne. Les produits chimiques, peu onéreux, administrés sur le long terme, commencent à laisser place au recours à un produit unique et donné en une seule fois, « certes prometteur », « mais au prix considérable » : la facture d’une perfusion de cellules CAR-T peut osciller entre 300 000 et 400 000 €. En France, 685 injections ont été recensées. Montant de la dépense : environ 240 millions d’euros pour la seule fourniture des doses. En Europe, l’addition atteint un milliard d’euros sur trois ans, « avec une croissance annuelle exponentielle », chiffre l’Académie.
Son document pointe également un développement des médicaments en deux étapes. À des start-up le soin d’innover. Aux grands groupes pharmaceutiques la phase de production et de commercialisation. « Ces derniers fixent ensuite des prix élevés du fait des sommes importantes qu’ils ont dû débourser par l’achat des brevets des jeunes pousses, voire des jeunes pousses elles-mêmes et des frais de marketing et de lobbying nécessaires pour l’accès au marché », dissèque le rapport.
La disponibilité de l’ensemble des traitements est également un sujet de préoccupation. La problématique de la souveraineté émerge aussitôt. Notre pays sonne ainsi aux abonnés absents concernant la production des fameuses cellules CAR-T. La seule firme tricolore dispose toujours d’un site dans l’hexagone, mais a dû s’expatrier aux Etats-Unis « en raison des lenteurs administratives et des difficultés de réglementation ».
L’Académie établit donc une liste de recommandations. Elle suggère, entre autres, de soutenir le développement des cellules CAR-T d’origine institutionnelle au sein d’un réseau français ou européen. Elle préconise l’intervention d’une structure à but non-lucratif destinée à développer, produire et acquérir des médicaments anticancéreux en garantissant un approvisionnement aux hôpitaux, centre anticancéreux et cliniques à un prix préétabli, quelle que soit la quantité achetée. Elle milite en faveur d’une réflexion commune à l’échelle de l’Union « afin d’aborder la question du prix des médicaments oncologiques de manière coordonnée, visant à équilibrer le prix avec l’efficacité du médicament, la prise en compte des effets indésirables et la distribution équitable des soins de santé. »