Transports des produits de santé : Nancy en chemin pour la certification

Réactifs, rapides, réguliers… Sans des transports qui roulent, pas de pharmacie ni de « labo » performants. Pour accompagner ses services clients sur la voie de la certification, le transport des produits de santé du CHRU de Nancy revisite donc ses codes. Avec sa propre labellisation en bout de parcours.

 

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Médicaments, vaccins, produits biologiques et produits sanguins labiles ne sont pas des biens comme les autres. Tout comme l’alimentaire, ils nécessitent en effet des conditions de stockage, de transport et de livraison très spécifiques, au risque sinon de porter gravement atteinte à la santé des patients. Conduite par Stéphane Beldicot, en charge des secteurs logistique et transport/services généraux, cette délicate mission de régulation est en plein redéploiement au CHRU Nancy.

Comptoir d’enlèvement des produits de santé ©LD

« Plusieurs services clients – pharmacie, labo, EFS – s’engageant en effet dans une nouvelle démarche de certification, la logistique a dû elle-même passer un nouveau cran de professionnalisation », expose le responsable… Et parce qu’un défi peut en cacher un autre, l’action se déroule avec, en arrière-plan, le visage futur du CHRU. Le professionnel détaille : « d’ici 2030, toutes les activités MCO (médecine chirurgie, obstétrique) dispersées sur 7 sites différents (maternité régionale, hôpital central, Saint-Julien…) seront réunies sur le seul site de Brabois, lequel accueille déjà la biologie et la pharmacie à usage intérieur. »

60 minutes chrono

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Outre l’hygiène, deux maîtres mots rythment la dynamique : « régularité et maîtrise de la température », pose Stéphane Beldicot. Parmi les 145 véhicules de la direction (VL, utilitaires, autos-partage et même camping-car), 6 navettes sont spécifiquement attribuées aux produits de santé. À leur volant, une vingtaine de chauffeurs coursiers se relaient 24/24 h et 7/7 j, parcourant 90 000 kilomètres par an et par véhicule. « À raison d’un passage toutes les 60 minutes précisément, deux navettes assurent en concomitance les rotations entre Brabois et les autres sites au sein desquels 35 agents prennent en charge les 10 derniers mètres », explique le logisticien.

Scan des colis ©LD

Optimisation oblige, chaque navette arrivée avec les médicaments commandés par les unités de soins repart avec leurs prélèvements destinés au « labo »… « Un cadencement de haut vol, car s’il n’est pas toujours aisé de s’accorder avec un client, que dire lorsqu’ils sont deux ! » sourit-il. L’intransigeance du timing porte néanmoins ses fruits : 90 minutes maximum entre le départ de Brabois, chargé de médicaments, et la livraison de prélèvements biologiques au retour. Mieux encore : « les demandes ponctuelles ont baissé de 200 %, avec toutes les incidences environnementales que cela signifie », se félicite Stéphane Beldicot.

Une thermo-surveillance continue

Au contrôle du temps s’adjoint celui de la température : « Couplées à une solution monitorée, les sondes JRI installées dans nos véhicules à température dirigée garantissent une surveillance continue, géolocalisée et tracée des produits thermosensibles durant tout le transport, avec alerte en cas d’incident. Nous nous engageons ainsi à ce que les produits de santé soient maintenus entre 18 et 24 degrés, quelle que soit la météo »… Des conditions pré-analytiques notamment indispensables à la certification du laboratoire.

Adrien Frisch © LD

Mais au cœur du dispositif bat également le logiciel de gestion et de régulation des demandes de transport PTAH. « Initialement conçu pour le transport de patients avant d’être déployé sur celui des matières et des biens, ce logiciel présente l’avantage d’être parfaitement connu des soignants. À partir des QR codes ou codes-barres scannés via les smartphones des agents de manutention, lui aussi permet une surveillance de l’activité en temps réel en traçant les colis depuis l’émission de la demande jusqu’à la livraison, alarmes incluses le cas échéant », décrit Adrien Frisch, encadrant transport et logistique au CHRU. Demandeur, préparateur, chauffeur, agent de réception… Tous, nommément identifiés, peuvent suivre l’intégralité du circuit.

2024, le logipôle

Dans le cadre d’un programme immobilier de 590 millions d’euros acté en 2021 et visant donc le recentrage de toutes les unités du CHRU, Brabois va désormais alterner démolition et reconstruction sur huit ans. L’opération n’est évidemment pas sans conséquence sur les transports des produits de santé. Fini les navettes horaires avalant les kilomètres et recrachant le CO2. Un système de transport automatisé lourd prendra le relais, à l’appui d’un nouveau logipôle regroupant la restauration, le magasin général, la pharmacie et le tri des déchets à l’horizon 2024.

Stéphane Beldicot ©LD

Approvisionnant les gares d’étage des unités du site par des galeries souterraines longues jusqu’à 600 mètres, il sera associé à un réseau pneumatique pour les médicaments et prélèvements urgents. Enjeu majeur ? « Harmoniser les pratiques ainsi que les logiciels de gestion de stocks et de logistique », se prépare Stéphane Beldicot dont le service ajoutera dès lors à son arc la corde des livraisons externes du CHRU, aujourd’hui réceptionnées en pied de bâtiment par chaque service.

Une approche logistique du soin

De fait, la reconversion des agents vers une logistique d’étage compte aussi aux nouveaux défis : « depuis les gares d’étage, ils deviendront les ambassadeurs d’une approche logistique du soin déchargeant les soignants des « irritants » quotidiens (rangement, suivi des consommations, gestion de stock…) », indique le responsable.

Alors que la certification des services clients est projetée pour 2023, la combinaison de toutes ces dynamiques pourrait donc bien, à plus long terme, mener à la certification qualité du service lui-même… « Peut-être même conjuguée à une composante développement durable », espère Stéphane Beldicot. Il est vrai qu’avec un bilan carbone alors diminué de plus de la moitié, le transport du CHRU nancéen devrait afficher une excellente conduite.

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