L’imagination logistique du nouveau centre de cancérologie de la Sarthe

Au Mans, un centre de cancérologie réunissant le public et le privé vient d’ouvrir avec, pour renouveler l’offre à la population, une nouvelle organisation du travail et une logistique commune dont l’objectif n°1 est de soulager au maximum les soignants. Un continuum qui va faire l’objet de nouvelles réflexions même après l’ouverture des lieux.

© DR

Construit non loin de l’hôpital, le nouveau centre de cancérologie, ouvert en février, est une sorte d’OVNI au point de vue institutionnel puisqu’il a trois parents rassemblés au sein d’un GCS : un public (le service de cancérologie du CH du Mans) et deux privés (la clinique Elsan Victor Hugo et le Centre Jean Bernard/groupe ILC). Il entend aussi se singulariser dans la façon de prendre en charge le cancer, à partir des pratiques des uns et des autres.

« Dans le projet des médecins de centre de radiothérapie, initiateurs du projet il y a sept ans, existait une logique d’évolution technique. Ce qui a abouti à l’achat d’un des 25 équipements de type Cyberknife en France. Il y avait aussi l’idée d’en quelque sorte cocooner les patients mais aussi d’une plus grande efficacité dans leur prise en charge, en réunissant des professionnels du cancer qui se connaissaient et collaboraient déjà très bien ensemble » , rappelle Cécile Pasquier, directrice de qualité et projet du Centre Jean Bernard.

Organisation en deux ailes

© Studio Erick Saillet

Désormais, tous les types d’acteurs de la cancérologie, en dehors des chirurgiens, qui opèrent ailleurs, à l’hôpital et dans d’autres cliniques, travaillent au même endroit.  L’établissement, de 22 000 m2, bâti sur deux étages est divisé en deux ailes. Dans l’une se trouve le centre de radiothérapie, d’imagerie, ses consultations, sa recherche clinique plus un laboratoire de biologie et un service de radiologie, tous les deux indépendants. Un service de médecine nucléaire s’ajoute, partagé avec l’hôpital, qui occupe plutôt l’autre aile.

Celle-ci est consacrée à l’hospitalisation ambulatoire (chimio) ou complète du service oncologie de l’hôpital du Mans et de la Clinique Victor Hugo, les consultations CHM, sa recherche clinique, ses soins de support et ceux de la clinique. Également la pharmacie de l’hôpital en rez-de-chaussée, avec son unité de reconstitution cytotoxique, au 1er étage, le même que celui des patients en chimio. Entre les deux ailes, un parvis en rez-de-chaussée et une passerelle à l’étage. Le regroupement des activités a donné des avantages naturels. Les médecins du centre d’imagerie et de diagnostics dans une aile rendent facilement visite à leurs patients hospitalisés dans l’autre aile.

Groupes de travail pluridisciplinaires

« Les bâtiments ont été conçus pour les besoins du personnel. L’élaboration s’est faite, avec le concours d’un assistant à maîtrise d’ouvrage, en groupes de travail issus des trois établissements d’origine, avant d’être peaufinée avec l’architecte, au moment de plancher sur les organisations de travail. Il s’agissait de travailler ensemble le mieux possible. À cette étape-là, 17 groupes de travail ont réuni tous les métiers » , indique Adeline Charpentier, directrice adjointe de la clinique Victor Hugo du groupe Elsan.

Les manipulateurs travaillant dans les sept « bunkers » de radiothérapie ont voulu des passages pour avoir accès les uns aux autres. Cela s’est matérialisé par un couloir qui les relie tous. Des rails au plafond ont équipé toutes les chambres. La pharmacie possède son propre circuit d’ascenseurs pour monter dans les étages, son propre quai d’approvisionnement.

Logistique commune

© Studio Erick Saillet

D’un point de vue logistique, il y a des mutualisations. Les repas pour tout le personnel sont servis dans un self alimenté par une antenne-relais de la cuisine centrale de l’hôpital qui reconstitue sur place les repas dont les composants arrivent en liaison froide, par camion.

Une seule boucle logistique fait le tour de l’établissement pour la pharmacie, le linge (venant de la blanchisserie de l’hôpital), la gestion des déchets. Alors que les patients, les ambulances, le personnel arrivent par son centre.  Le matériel est commun : les lits, les chariots, l’informatique, les écrans des patients, un pour chacun, à la tête de chaque lit, ouvrant sur son dossier médical, évitant aux soignants de le chercher.

Les aides-soignants ne distribuent plus les repas car les prestataires du bionettoyage s’en chargent. Cette nouvelle façon de faire, le centre de cancérologie de la Sarthe l’a adoptée parce qu’elle était déjà en cours à la clinique Victor Hugo. La décision a été prise en accord avec les deux autres entités, au nom de l’harmonisation des organisations.

Prestations externalisées

« Ce souci du temps médical libéré pour les soignants était déjà très avancé dans nos organisations, poursuit Adeline Charpentier. La distribution des repas par des non-soignants. Du secrétariat d’hospitalisation conséquent pour enlever du travail administratif. À présent, que nous sommes tous dans les murs, nous allons encore progresser dans nos pratiques. Nous allons trouver de nouvelles solutions pour alléger encore la tâche des soignants car ils en ont besoin. »

La conception interne des bâtiments offre une bonne base. Des locaux intermédiaires ont été pensés. Il y a des locaux de stockage dans chaque unité de soin, puis des locaux d’étage. Les soignants ne gèrent que ce qui se trouve dans les locaux d’unité. Ce qui circule entre les locaux d’unités et d’étage est pris en charge par les prestataires extérieurs : du linge, la gestion des déchets, du bionettoyage. Des prestataires communs. De manière que pour tout ce qui est logistique le personnel soignant n’ait pas à faire d’inutiles allers-retours.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *