Les blanchisseries de l’Ouest s’interrogent sur les énergies renouvelables

Le Comité Ouest des Blanchisseries Hospitalières (COBH) vient de plancher lors de sa journée d’étude annuelle, près de Laval en Mayenne, sur les économies d’énergies. Il en a conclu que pour faire face, elles ont à investir dans leurs compteurs d’énergie, avant le photovoltaïque et l’éolien.

La première ligne de recyclage de l’entreprise Renaissance Textile consacrée aux vêtements professionnels blancs donc issus du secteur de la santé. © Robin Inizan/Lucas Pavy Production

« Cela fait une dizaine d’années que l’on travaille tous sur nos productivités, nos consommations d’énergie, que l’on a essayé de baisser nos températures de lavage pour faire des économies. Il y a toujours certaines des pistes à suivre mais c’est difficile d’aller beaucoup plus loin. En gros, chacun fait au mieux avec l’outil industriel à sa disposition. Mais aujourd’hui, devant les hausses extraordinaires des prix de l’énergie nous nous sommes dit qu’il fallait penser à investir à nouveau. Peut-être dans l’éolien et le photovoltaïque si l’essentiel a été fait dans nos propres processus industriels. »

L’énergie grand thème d’actualité

C’est ainsi que Stéphane Fié, responsable logistique de l’hôpital de Saumur et président du COBH résume les discussions qui se sont tenues le 23 mars à Changé près de Laval. Quatre-vingts responsables de blanchisseries d’hôpitaux s’y sont retrouvés, pour la journée d’étude annuelle du COBH, en mode partage d’expériences en compagnie de leurs fournisseurs (machines, produits de nettoyage, fabricants textiles).

L’énergie s’imposait comme le grand thème d’actualité. « L’augmentation des prix a varié de 50 à 400 % parmi nos adhérents », plaide Stéphane Fié en rappelant que le COBH réunit très peu de grosses blanchisseries, plutôt des moyennes et des petites. Ce qui va s’amplifier, son ambition était de rejoindre bientôt aussi les ESAT.

Toutes ces blanchisseries ont à peu près les mêmes consommations : 1,6 à 1,76 kWh/ kg de linge pour le gaz ; 0,18 à 0,2 kWh/kg pour l’électricité ; 5 litres d’eau par kg de linge pour un tunnel de lavage, 13 litres pour une laveuse, 10 litres d’eau par kg de linge en fonctionnement usine (processus industriel + sanitaires). « Quand on produit entre 2 et 5 tonnes de linge par semaine, on appartient à des établissements qui ont très peu de capacités d’autofinancement pour investir », ajoute-t-il.

Compteurs d’eau et de gaz

Jérôme Pasquet

Pourtant ce sont bien de nouvelles dépenses vertueuses dont ces responsables ont discuté en compagnie d’un expert, Jérôme Pasquet, PDG d’Enveneo, cabinet conseil en économie d’énergie spécialiste en blanchisserie industrielle. Avec d’abord passage en revue des moyens de maîtriser le processus industriel en matière d’énergie. « On fait tous des essais d’économies, fait remarquer Stéphane Fié. Mais on y va souvent à l’aveugle. La clé, ce sont les relevés énergétiques. Beaucoup de petites structures n’ont pas les compteurs pour les faire correctement ».

« Un compteur à eau c’est 150 à 350 €, à gaz cela peut monter à 1200 €. Vu les hausses que nous subissons, cela peut valoir quand même la peine de s’en doter. S’ils n’existent pas encore, des compteurs sur chaque point de consommation, leur suivi et l’analyse de leurs résultats peuvent sans doute réduire encore nos consommations », poursuit le président du COBH. D’autres thèmes ont été évoqués, comme la récupération énergétique sur les chaudières et de l’eau par filtration.

Mais produire une part de ses besoins énergétiques grâce notamment aux panneaux photovoltaïques, demain à l’éolien apparaît comme une autre solution. « C’est une piste pour l’industrie. On n’a pas l’habitude de l’utiliser dans la fonction publique alors que c’est envisageable pour nous en particulier, blanchisseries hospitalières », estime Stéphane Fié.

Recyclage des tenues blanches des soignants

La journée d’études avait un second thème, le recyclage textile car elle se déroulait chez Renaissance textile, un recycleur de linge unique en France qui a démarré son activité en septembre. Sa première ligne de production est dédiée aux vêtements et textiles blancs en provenance, principalement, des secteurs de l’agroalimentaire et de la santé. L’entreprise travaille pour cela avec les blanchisseries et les loueurs de linge. Elle a besoin de volumes conséquents et homogènes (même origine, même composition, même usage) de textiles en fin de vie, blancs et de qualité originelle connue et reconnue. Ces vêtements professionnels sont la clé de ses débuts.

Stéphane Fié

Pourquoi le blanc d’abord ? La fibre reconstituée teinte et permet de déboucher sur plusieurs usages. Par ailleurs une ligne dédiée au recyclage de tissus blancs réduit le nombre de lavages nécessaires donc la consommation d’eau.  Dans une seconde phase, d’ici 2026, Renaissance Textile devrait étendre son activité aux vêtements usagés de couleur et à ceux en provenance du prêt-à-porter.

« Jusqu’ici nos tenues de soignants quand elles s’usent finissent au rebut. Nous avons échangé sur la manière d’organiser la collecte de ces déchets hospitaliers pour Renaissance Textile. Elle est la seule en France à les recycler, ce qui nous intéresse évidemment », indique Stéphane Fié. La première ligne de production effectue le retrait automatique des « points durs » (boutons fermeture éclair, …) des vêtements pour produire une fibre de qualité suffisante pour alimenter de nouveau la filière textile. Elle recycle 3 000 tonnes de textiles par an, soit l’équivalent de 10 millions de vêtements.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *