Une station d’épuration pas comme les autres à l’EPSM Daumézon

Propriétaire d’une station d’épuration construite en 1957 et vieillissante, l’EPSM Georges Daumézon (Loiret) a choisi de la reconstruire. En passant du système classique de lit bactérien à celui de la phytoépuration, avec l’aide de roseaux. Sensible au développement durable, l’hôpital a aussi prévu de rendre à la nature les mètres carrés prélevés par la future installation en créant une nouvelle zone humide. Démarrage prévu des travaux début 2023.

© Epictura

Une station d’épuration propriété d’un établissement de santé. Voilà une histoire peu banale. Pour la comprendre, il faut emprunter la machine à remonter le temps, juste avant la Grande Guerre. Élaboré en 1913 sur le territoire de Fleury-les-Aubrais, l’hôpital psychiatrique est construit dans un format pavillonnaire. Et pensé pour être capable de vivre en autarcie.

© EPSM Daumézon

« C’est vraiment un petit village », résume Virginie Syracuse, directrice des achats et de la logistique et du patrimoine. Conséquence : l’EPSM Georges Daumézon, nom de l’un de ses anciens directeurs, dispose évidemment d’une chaufferie, d’une blanchisserie et d’une cuisine centrale, mais aussi d’un château d’eau et d’une station d’épuration unitaire (eaux usées et eaux pluviales).

Un équipement construit en 1957

La station d’épuration actuelle © EPSM Daumézon

Edifiée en 1957, cette dernière – dimensionnée pour traiter les effluents de l’équivalent de 800 habitants avant de les évacuer dans l’Egoutier, proche cours d’eau – commence sérieusement à prendre de l’âge. Comme la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) demande la mise en conformité, l’EPSM se pose la question du remplacement. Le raccordement à un autre réseau est écarté : il n’est pas dans les projets de la métropole d’Orléans ni d’étendre son dispositif jusqu’à l’hôpital, ni de recalibrer son installation pour accueillir un tel volume d’effluents supplémentaires à traiter.

En 2019, l’EPSM opte donc pour la construction d’une nouvelle station. En passant de la technique biologique par lit bactérien, système classique d’élimination des impuretés dans l’eau, à la phytoépuration grâce à « des lits de macrophytes ». Autrement dit des végétaux aquatiques visibles à l’œil nu. Dans le cas présent, la future station sera constituée de plusieurs bassins à écoulement vertical (à chaque fois 320m² sur 80 cm de profondeur) sur deux étages, agrémentés de roseaux, plantés sur une succession de couches de graviers de différentes dimensions.

Le double rôle des roseaux

Ces roseaux joueront un double rôle. Leurs tiges serviront à perforer la couche de boue superficielle et créeront des cheminements afin de permettre l’oxygénation et d’éviter le colmatage. Et leurs feuilles constitueront une sorte de parasol préservant la surface des filtres d’une éventuelle dessiccation durant de fortes chaleurs. « Nous innovons, car je ne connais pas d’établissements de santé qui utilisent ce système », assure Virginie Syracuse. « Et c’est un traitement plus vertueux que la méthode classique », ajoute-t-elle aussitôt.

La formule permet en effet de se passer des produits chimiques pour faciliter l’élimination des bactéries. Mais il ne s’agit pas de son seul atout puisque le système, sans émanation d’odeurs, réduit le volume des boues produites. Les roseaux plantés fourniront aussi un habitat pour la faune locale. Selon Benjamin Bec, ingénieur travaux de l’EPSM, l’exploitation devrait être plutôt facile, même s’il sera nécessaire d’entretenir les abords, de désherber et de faucher régulièrement les roseaux, au bout de la deuxième année d’utilisation. « Il faudra le faire au moins une fois par an. C’est une installation que l’on suivra, mais qu’il faut laisser vivre ».

Restitution de mètres carrés à la nature

Le plan de la nouvelle station

Située dans un emplacement boisé, la nouvelle station, d’une emprise totale de 2000 m², impactera la zone humide. L’EPSM a donc choisi de rendre des mètres carrés à la nature, avec un périmètre plus important que les compensations prévues par la réglementation. « Nous allons installer des mares, en créant des formes, du volume et de la pente », détaille Benjamin Bec. « Nous avons le souci de toucher le moins possible au cadre naturel, car nous voulons respecter l’environnement magnifique dans lequel nous travaillons », insiste Virginie Syracuse.

Long de six mois, le chantier, dont le démarrage est prévu début 2023, nécessitera une prouesse technique. Car le futur équipement sera érigé au moment endroit que l’ancien. Lequel ne sera détruit qu’une fois le passage de relais effectué. « L’hôpital fonctionne 7/7 et 24 heures sur 24. On ne peut pas arrêter le système aux seules fins de construire la nouvelle station. Il y aura donc une action coup de poing le jour J pour basculer d’un dispositif à un autre », conclut Benjamin Bec.

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