Sécher ses biodéchets pour réduire leur volume

Depuis trois ans, le CHU de Clermont-Ferrand utilise deux sécheurs thermiques pour réduire en poudre une partie de ses biodéchets qui sont ensuite méthanisés. La formule a l’avantage de faciliter la logistique et de ne plus avoir à stocker restes et surplus alimentaires dans des chambres froides en attendant leur collecte.

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Les établissements de santé émetteurs de plus de 10 tonnes de biodéchets par an savent déjà que la loi Grenelle 2 leur impose de les trier et de les valoriser, sous forme de compostage ou de méthanisation. Une obligation qui va s’étendre à l’ensemble des producteurs et détenteurs de biodéchets au plus tard le 31 décembre 2023, a rappelé Marion Briançon, consultante chez Primum non nocere, lors du webinaire organisé le 7 juillet dans le cadre du GEB restauration du Resah.

Objectif retour à la terre

En dépit des efforts pour réduire le gaspillage, d’énormes quantités d’aliments continuent de finir à la poubelle. Une moyenne de 174 grammes par repas de patient, selon étude menée en 2021 par l’ADEME en région Pays de la Loire auprès de 22 établissements, a donné en exemple Karine Chagnes, chargée de mission au Comité pour le développement durable en santé (C2DS).

Certains hôpitaux ont pris le taureau par les cornes. De manière originale au CH de Moulins-Yzeure. L’établissement bourbonnais a passé une convention avec un éleveur de chiens : les denrées alimentaires recyclées servent à nourrir son cheptel (lire notre article du 7 février 2020). Plus au sud, le CHU de Toulouse travaille au compostage sur place, avec sa démarche de « l’assiette au jardin » (Lire notre article du 17 septembre 2021). De son côté, l’hôpital privé de Sarcelles broie et déshydrate sur site 100 % de ses déchets fermentescibles. Transformé en compost, le substrat est revendu aux agriculteurs de la région.

Réduire les déchets à l’état de poudre

Le CHU de Clermont-Ferrand veut, lui aussi, limiter le gâchis. Deux associations caritatives récupèrent les repas non consommés (3030 en 2021). Et la Métropole se charge de la collecte et de la transformation des biodéchets. Néanmoins, la cadence de ramassage s’avère insuffisante. Par voie de conséquence, l’hôpital recherche une filière complémentaire. En 2019, il trouve un fournisseur capable à la fois de baisser le tonnage par le séchage et de valoriser reliquats alimentaires et surplus.

Après avoir bouclé une étude économique qui fait pencher la balance, l’hôpital auvergnat retient une solution globale, en privilégiant la location-maintenance du matériel plutôt que l’achat. Une manière de limiter le risque et de changer son fusil d’épaule, si jamais le résultat n’était pas à la hauteur des espérances.

Deux sécheurs thermiques font donc leur apparition. L’un installé à la cuisine centrale. L’autre au self de Gabriel Montpied, son site principal. D’une capacité de traitement de 50 à 120 kg, ces machines, qui se présentent sous la forme de « gros cubes », font baisser, en treize heures, le volume des déchets de 80 %. À la sortie, les matières animales et végétales sont réduites à l’état de poudre. Qui est évacuée une fois tous les mois par le prestataire vers un site de méthanisation. L’année dernière, le CHU a ainsi produit 10,2 tonnes de « séchât ».

Les points de vigilance

Déjà éprouvé par le CHU de Saint-Etienne (lire notre article du 25 juin 2021), ce système, bien perçu par le personnel, fait disparaître plusieurs contraintes, a assuré Frédéric Philippe, responsable du pôle de logistique intégré du CHU de Clermont-Ferrand. Auparavant, il fallait stocker de manière réfrigérée en attendant le passage des équipes de la Métropole. La manutention des bacs était délicate. En raison du poids, le remplissage intégral était impossible et la casse des contenants régulière.

Le recours aux sécheurs implique cependant certaines précautions. « Certains déchets sont exclus, comme les os », a prévenu Frédéric Philippe. « Il ne faut pas que les produits soient trop liquides. Il vaut mieux égoutter les courgettes par exemple », a complété sa collègue Frédérique Motton, responsable du service restauration. Les matières trop grasses sont également à bannir. Enfin, il est nécessaire d’incorporer des morceaux de carton afin de faciliter le séchage.

Autre petit bémol : le prix à payer. Le CHU a calculé que la tonne de « séchât » lui était revenue à 2060 euros en 2021. La location-maintenance des machines représente 80 % de la facture, contre 8 % pour la collecte (bacs compris) et 11 % pour la valorisation.

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