Le CHU d’Angers va se réinventer

Un meilleur accueil, un parcours de soins plus fluide, de meilleures conditions de travail. C’est la promesse émanant du projet de reconstruction -sur lui-même- que vient de présenter le CHU d’Angers. Tablant sur le fait que la réponse aux défis d’adaptation des hôpitaux révélés par la crise de la Covid passe au moins en partie par une architecture différente, avec des équipements et des espaces modulaires.

© Catherine Jouannet/CHU Angers

« Ce sera la fin de la cour des miracles ». La formule frappe, venant du professeur Alain Mercat, président de la conférence médicale d’établissement du CHU d’Angers. Mais elle dit à quel point le personnel soignant attend la reconfiguration de l’établissement avec impatience.

Cécile Jaglin-Grimonprez © C. Jouannet/CHU Angers

Ce projet de 460 millions d’euros, baptisé Convergences, a reçu le feu vert de l’État le 26 janvier. « A la mi-mars, nous avons reçu les esquisses de trois cabinets d’architectes. S’ouvre à présent une étape de travail jusqu’à l’été, au cours de laquelle nous allons les départager », indique Cécile Jaglin-Grimonprez, directrice générale du CHU. Les travaux devraient commencer dans deux ans, à la mi-2025.

Ligne rouge sous l’hélico

Le premier bâtiment, de quatre étages, doit ouvrir en 2029 sur 35 000 m2. Il traite du sujet le plus brûlant, celui des urgences, suscitant l’image forte du professeur Mercat. Celles d’aujourd’hui datent de 1973. C’est par là qu’arrivent le tiers (70 000) des patients du CHU. Mais ces entrées sont réparties, selon les spécialités dans cinq bâtiments. Ce n’est plus du tout adapté. Elles vont toutes déménager dans ce nouveau bâtiment.

Toutes arriveront par la même façade du CHU sur la ville. Elles disposeront là d’une bien plus grande capacité d’accueil, avec des boxes en plus, son plateau ambulatoire, ses blocs opératoires, des possibilités d’imagerie, l’accès à des spécialistes à proximité. Dès 2029, le CHU prendra mieux et bien plus vite en charge les patients. Illustration ultime de cette amélioration, une hélistation sera placée sur le toit. Les plans du bâtiment indiquent une ligne rouge à la verticale dans l’établissement, symbolisant un parcours du patient qui a accès, en la suivant, à tous les spécialistes possibles.

Équipements et espaces modulaires

Dr Bouhours © C. Jouannet/CHU Angers

« Ce bâtiment représentera aussi l’ouverture d’un véritable « trauma center » qui pourra faire face à des accueils massifs de patients en cas de crise », indique Guillaume Bouhours, le vice-président de la CME, en charge du projet. L’idée est consécutive de la crise de la Covid et s’articule autour du concept de modularité des espaces et des moyens.

« Bien sûr, la véritable modularité repose sur la capacité de disposer de soignants mais les couloirs de 20 ou 30 chambres toutes alignées c’est fini. Ça ne permet pas de faire varier la taille des espaces en fonction des besoins, comme d’isoler des patients en un certain nombre des autres. Là nous aurons non seulement davantage de lits de soins critiques, 100 à terme, pré-équipés des moniteurs, de l’oxygène, de tous les moyens d’assistance respiratoire ou rénale pour faire face aux crises. Nous aurons aussi des cloisons mobiles, des possibilités d’installations souples pour réagir au besoin », explique Alain Mercat.

Du semi-pavillonnaire

A l’emplacement des actuelles urgences, un deuxième bâtiment sera construit à partir de 2029, sur quatre étages aussi mais sur 20 000 m2 seulement. Il ouvrira en 2033. C’est là que sera déménagée la réanimation d’abord installée dans le premier. Il y aura là aussi des lits d’hospitalisation traditionnels.

Le troisième bâtiment, datant de 1980, existant déjà, de l’autre côté du premier et consacré à divers services (neurologie, pneumologie, cardiologie) sera reconstruit et complètement remanié. Il sera terminé en 2037.

Alain Mercat © C.Jouannet/CHU Angers

Tous les trois seront reliés par des passerelles. « Le CHU était un établissement pavillonnaire, nous allons devenir semi-pavillonnaire. Parce que le pavillonnaire, c’est un handicap pour les prises en charge de soins rapides », continue Alain Mercat. L’utilisation des passerelles entre les trois bâtiments sera peaufinée avec les architectes. « Mais au moins entre le premier et le troisième, nous prévoyons qu’elle servira aux professionnels de santé, aux patients, même allongés ainsi qu’à des flux logistiques », indique Cécile Jaglin-Grimonprez.

Économie du côté de la logistique

La logistique (ainsi que l’énergie) seront les deux grandes sources d’économie du CHU remanié, façon 2037. Du côté de l’énergie, la commande a été faite aux architectes d’obtenir des bâtiments à énergie positive. Du côté de la logistique, des économies viendront de la disparition de services ambulanciers dans le CHU grâce au rassemblement d’un grand nombre de services soignants dans les trois bâtiments « nouveaux » bâtiments.

© Asap BD

Également de certains aménagements, comme celui d’un véritable quai de déchargement (dans le bâtiment 2) et de l’automatisation de certains flux. L’introduction d’AGV n’est pas encore décidée. Cela sera vu plus précisément avec les architectes. La traçabilité assurée dans le réseau pneumatique, évitera des pas de coursiers pour retrouver des lots qui se perdent en route.

De façon plus radicale, la base logistique, déjà installée dans l’enceinte du CHU, sera modernisée, complètement reconstruite, assortie de plus d’informatique (un logiciel de WMS). De l’espace y sera dégagée pour y bâtir une nouvelle cuisine centrale qui ainsi se rapprochera. La blanchisserie dont une nouvelle conception vient d’être lancée, sera aussi déménagée et installée, tout à côté du CHU. Tout cela d’ici l’ouverture du premier bâtiment en 2029.

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