Elsan entoure ses soignants d’assistants numériques

Le groupe d’hospitalisation privée a adopté ou mis au point trois plateformes numériques : la première pour aider les services à trouver des remplaçants ; la seconde pour coordonner les intervenants autour d’un patient ; et la dernière pour le suivi proprement médical des hospitalisations de jour.

© Epictura

Dorothée Moisy-Gouarin est directrice de l’innovation au groupe Elsan. Le 21 février dernier, dans une interview à un magazine professionnel, elle pointait le « retard » que le secteur de la santé, en France, en comparaison avec l’industrie, quant à la qualité de vie au travail des soignants. Ce qui se traduisait par un nombre élevé d’accidents du travail et des difficultés à recruter. « L’innovation n’est bien sûr qu’une partie de la réponse mais déployer dans nos établissements de nouveaux outils pour soulager les soignants à leur poste et leur faire gagner du temps y contribue », estime-t-elle.

Face à la pénurie et à l’absentéisme

Elle planche donc, depuis plusieurs années, sur des solutions notamment numériques. Le plus souvent par le biais de partenariats avec des sociétés extérieures. Des solutions qui sont d’abord testées « sur le terrain » explique-t-elle. Essayées avant d’être déployées au sein des 140 établissements du groupe.

Trois d’entre elles, très concrètes, en sont à cette étape : en phase de déploiement. La première tient de la gestion de l’absentéisme et de la pénurie de personnel. Il s’attaque à un casse-tête pour beaucoup de cadres de santé. « La recherche de remplaçants représentait une charge administrative lourde, menée souvent de façon artisanale : carnet d’adresses pas toujours rentré dans l’ordinateur, pas franchement partagé », explique-t-elle.

Moins d’intérim

L’idée, toute simple, a été, pour le groupe Elsan, de se doter d’une plateforme numérique sécurisée regroupant les professionnels, leurs contacts et leurs compétences. Il a choisi en 2020 la solution Hublo, retenue aussi dans d’autres établissements privés et publics (Vivalto, Ramsay Santé, plusieurs CHU, Korian, etc) et par la centrale du Resah.

En quelques clics, les personnels disponibles et ayant les compétences recherchées sont recrutées, la plateforme générant immédiatement les contrats de travail à la DRH. Dans les 87 établissements Elsan qui l’utilise, cela représente 15 000 missions  et 80 000 h de travail par mois. Un chef de projet, à la direction du groupe, est dédié à son déploiement complet. Elle est particulièrement utile pour trouver infirmières et infirmiers. « La plateforme fait gagner beaucoup de temps dans les services. On y signe des CDD courts. Cela réduit notre recours à l’intérim », ajoute Dorothée Moisy-Gouarin.

Soignants en « WhatsApp »

Le deuxième outil est une plateforme collaborative (Pandalab). « C’est une sorte de visioconférence instantanée mais sécurisée dans les règles particulières de la santé, notamment en matière de confidentialité », indique la directrice de l’innovation d’Elsan. Le groupe l’utilise pour mettre en place des groupes de soignants autour d’un patient. En interne dans le cadre d’hospitalisations de jour. En externe, dans les relations avec la ville en cas d’hospitalisations à domicile qui mobilisent beaucoup d’intervenants.

Des photos peuvent être échangées par téléphone pour surveiller une cicatrisation. Cela rend l’outil moins lourd que de la télémédecine habituelle sur écrans d’ordinateurs. « Le médecin peut consulter la photo le soir ou entre deux consultations. L’outil facilite la collaboration pour mener les soins. Il permet de s’adapter à l’organisation de chacun, non l’inverse, permet d’éviter les interruptions de tâches. Tout cela laissant sa trace, chez Elsan, dans le dossier patient informatisé », souligne Dorothée Moisy-Gouarin. Pandalab est utilisé par 2500 employés dans 65 établissements du groupe. 70 000 messages y sont échangés chaque mois.

Avant et après l’opération

Troisième outil, développé en interne sous le nom d’ADEL pour « Assistant digital Elsan » centré sur les soins proprement dits. Il s’agit là d’organiser les phases pré et post-opératoires du soin des patients. Ce sont des étapes réglementaires, très chronophages pour les infirmières et les médecins où l’aide du numérique prend de l’importance avec le développement de la chirurgie ambulatoire. Avant l’opération, il s’agit de faire le point, par l’envoi de questionnaires au malade ou à son entourage soignant sur sa situation. Un travail qui consomme d’ordinaire beaucoup de temps dans les services jusqu’à l’arrivée du patient la veille de l’intervention.

Après l’opération, il s’agit de surveillance et de suivi et d’échanges avec le patient. Le lien avec lui – une réflexion est en cours dans le groupe sur la façon d’y associer les aidants- se fait par téléphone, par SMS, par téléchargement de l’application sur le téléphone du patient ou sur son ordinateur. Par l’envoi d’un simple lien par SMS ou messagerie, sur lequel il clique pour ouvrir une page Web.

« C’est très efficace. Cela permet aux soignants de se focaliser sur les échanges avec les patients qui en ont vraiment besoin et d’avoir des patients mieux informés et mieux préparer afin de fluidifier leur parcours », indique Dorothée Moisy-Gouarin. En 2022, cet outil numérique a été utilisé pour 1 million de patients dans le groupe, dans 65 établissements. « Par le biais de ces trois outils, la technologie numérique vient aider à la coordination des informations dans le groupe Elsan. Déployés dans une majorité d’établissements du groupe en 2 ans et demi, ils sont voués à l’être encore plus. »

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