Thomas Maréchal met le cap au Nord

Destiné originellement à travailler dans le secteur de la restauration et du tourisme, Thomas Maréchal a finalement trouvé sa voie dans l’hôtellerie…hospitalière. Après avoir réussi le concours de DH, il a contribué à la montée en compétence des fonctions supports des hôpitaux de Saint-Malo et Vannes. En mars, il vient d’obtenir son bâton de maréchal en prenant le poste de directeur des ressources physiques du CHU de Lille.

© CHU Lille

L’hôtellerie est un sujet que Thomas Maréchal connaît bien. Car c’est dans ce secteur que ce Rennais pur sucre a fait toute sa scolarité. « Mon objectif, c’était de trouver un métier rapidement et de voir le monde ». Un BEP au lycée hôtelier de Dinard, puis un brevet de technicien hôtelier en filière cuisine au Touquet, un BTS à Poligny et pour finir un magistère « hôtellerie, restauration et tourisme d’affaires » à l’ESTHUA d’Angers en 1995.

Stages et jobs saisonniers s’accumulent. De la pizzeria au palace, en passant par la cantine de centre de loisirs et un restaurant gastronomique de Charleston en Caroline du Sud, sur les terres d’Autant en emporte le vent. La cuisine et les fourneaux, mais aussi la plonge. Rien de quoi rebuter celui qui suit, depuis l’âge de 12 ans, les traces du commandant Cousteau en découvrant les fonds sous-marins avec masque et tuba. Mais aussi le service en salle, l’accueil et la réception de jour comme de nuit. « J’ai fait quasiment tous les métiers dans ce domaine ». Y compris la facette marketing avec des études de marché en Albanie ou au Viêt-Nam !

Gouvernant général à Vaugirard

Plus attiré par l’opérationnel, Thomas Maréchal, un moment dans le conseil, finit par entrer à l’AP-HP en 1997, plus précisément à l’hôpital gériatrique de Vaugirard qui cherche à étoffer son équipe hôtelière. Recruté comme contractuel, il passe rapidement le concours sur titre d’adjoint des cadres. Et au bout de quelques mois, le voilà promu « gouvernant général » lorsque son supérieur mute. « Cela m’est tombé dessus un lundi matin, à onze heures du matin », se souvient-il. Lui sont confiés au fur et à mesure la blanchisserie, les magasins, la restauration, l’accueil, le brancardage. « En résumé, j’avais toutes les fonctions supports dans mon escarcelle ».

Il caresse alors l’idée de passer ingénieur. Toutefois, force est de constater qu’il n’existe rien pour l’hôtellerie, contrairement aux travaux ou à la logistique. Qu’à ne cela ne tienne, il vise alors le concours de directeur, même si sa supérieure hiérarchique le prévient qu’il a bien plus de chances d’échouer que de réussir. Lors de la prépa organisée par l’AP-HP, le premier jour dans l’amphi, le professeur chargé de l’enseignement, se charge aussi de doucher les ardeurs. « Ce n’est pas compliqué, sur la centaine de présents, il n’y en aura que 3 ou 4 qui seront directeurs dans trois ans ». Mais à cœur vaillant, rien d’impossible. De septembre à juin, deux matinées par semaine, Thomas Maréchal enfourne droit, méthodologie et culture générale. Plus les devoirs à la maison le soir.

Promotion 41e rugissante

Première victoire avec l’accès à la préparation du ministère. Six mois de détachement d’une vie monacale à Lille, dans une chambre de 9 m2 de l’internat de l’IFSI, « où tout le confort était sur le palier », décrit-il en riant. Le travail paie puisqu’il est reçu et intègre l’école de Rennes en janvier 2002, promotion « 41e rugissante ». S’il effectue son stage d’élève-directeur à la DRH du CHU de Nantes, le virus de la logistique ne le quitte pas puisqu’il réalise deux audits, l’un à Nouméa sur la restauration, l’autre à Wallis-et-Futuna sur la cuisine et la blanchisserie.

L’œil dans le rétroviseur, il assure s’être « éclaté » dans son premier poste à Dôle au centre hospitalier spécialisé du Jura. Une immersion dans le champ psychiatrique au printemps 2004 comme directeur des travaux, du système d’information, de la communication et de la sécurité, avec une foultitude de projets à mener : rénovation de bâtiments, déploiement du dossier informatisé patient, de la téléphonie sur IP, et de serrures numériques, en lieu et place des « trousseaux de geôliers » qui existaient jusque-là.

Spécialiste des fonctions soutien communes

En 2008, retour en Bretagne natale et aux premières amours, puisque le CH de Saint-Malo lui propose le poste directeur des achats, des équipements et des fonctions logistiques. La carrière de Thomas Maréchal est alors rythmée par la mutualisation. Il met sur pied une direction commune (avec les établissements de Dinan et Cancale), aussi bien pour la logistique que pour les achats, avec l’aide de Jean-Vincent Tuffigo du Resah. « Tout cela avant même le début du programme Phare », signale-t-il au passage.

Lorsque le CH Bretagne Atlantique à Vannes l’attire dans ses filets à l’automne 2014, le rassemblement est toujours à l’ordre du jour puisqu’il s’agit de faire d’une seule équipe les fonctions soutien du CHBA, des CH du Pays de Ploërmel, de l’EPSM du Morbihan, du CH de Basse-Vilaine, l’hôpital de Belle-Ile-en-Mer et l’EHPAD de Quiberon. Un mouvement qui s’accélère encore avec l’arrivée du GHT. Dans la même logique de partage des expertises, il s’investit dans la naissance de l’association Achats Santé Bretagne, transformée ensuite en GCS et dont il devient trésorier, puis vice-administrateur jusqu’en 2022.

À la tête de 1200 agents

Au revoir l’Armorique, bienvenue chez les Chtimis pour prendre le poste de directeur des ressources physiques du CHU Lille et du CH d’Armentières. Un changement de planète à plus d’un titre puisqu’il s’agit de superviser toutes les fonctions supports. Cinq directions et 1200 agents (travaux, hôtellerie et logistique, équipements, achats, affaires générales et administratives). Un vrai défi pour cet homme d’action. « Je dois m’adapter à cette nouvelle fonction, plus de coordination et de vision stratégique. »

Thomas Maréchal a été mis dans le bain, à peine débarqué le 6 mars. « Le premier jour, j’avais déjà une réunion à 8 h 30 sur le devenir de Jeanne de Flandres (site spécialisé en gynécologie, obstétrique, pédiatrie, néonatologie, et chirurgie de l’enfant, NDR) concerné par un projet majeur de rénovation. Et à la sortie, on m’a demandé de caler le plan d’équipements pour 2023… » Entre deux dossiers à traiter (l’achat urgent d’un robot chirurgical, la création d’un musée hospitalier), il parcourt le CHU pour se présenter auprès des pôles, des autres directions et des (très) nombreux acteurs. « Je les rencontre au fur et à mesure pour comprendre les enjeux, voir comment le département des ressources physiques est perçu, quelle plus-value il peut leur apporter et quelles sont les marges de progrès qu’il s’agit de travailler. »

La plongée pour décompresser

En mode éponge pendant cette période de « prise de marque », Thomas Maréchal absorbe au maximum. « En un mois, j’avoue que je n’ai pas encore tout vu », admet-il bien volontiers. Lorsqu’on questionne sur les chantiers à venir, il devient intarissable : reconstruction de l’hôpital Salengro, modernisation du plateau d’imagerie incluant l’installation d’une IRM 7 Tesla, sortie de terre à l’horizon 2028 d’un logipôle sur le campus hospitalier, nouvelle PUI avec automatisation de la production et des flux…  « Heureusement, je suis bien épaulé par des équipes en nombre et en qualité. C’est assez impressionnant. J’ai des collaborateurs compétents, motivés, bosseurs, investis, avec des niveaux d’expertise bluffant ».

Pour l’instant, pas question de retourner plonger dans le « monde du silence », une passion cultivée à chaque poste, des lacs du Jura au golfe du Morbihan, qui lui apporte l’oxygène nécessaire pour se régénérer. Sa dernière sortie date de septembre. Mais Thomas Maréchal compte bien retrouver la faune et la flore sous-marine, lui qui peut descendre jusqu’à 60 mètres de profondeur. « C’est un plaisir qui permet une coupure complète pendant une demi-journée, avec le cérémonial de la préparation du matériel, le transport sur le bateau et l’heure sous l’eau, en état d’apesanteur ».

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