SDIS : une fonction achat dans le feu de l’action

Caractérisée par des organisations protéiformes, la fonction achat des services départementaux d’incendie et de secours (Sdis) jongle avec les procédures et les mutualisations pour satisfaire des besoins allant du bouton de manchette au fourgon pompe-tonne. Le tout dans une culture de l’urgence pas toujours compatible avec les délais légaux.

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Avec 693,7 millions d’euros répartis entre construction (centre d’incendie et de secours, bâtiments administratifs), véhicules, matériel d’incendie et de secours et autres divers (informatique, mobilier, réseaux de transmission…), les achats des services départementaux d’incendie et de secours (Sdis) ont peu évolué en valeur ces dernières années, selon les chiffres 2019 de l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales. En revanche, « ils ont, à la faveur de la réglementation, grandement gagné en maturité dans une véritable recherche de coûts globaux et d’achats responsables », pose ce juriste d’un Sdis de l’Ouest.

Des organisations à géométrie variable

Marie-Claire Bertin © SDIS 27

Pour gérer cette fonction, « pas un Sdis qui ressemble à l’autre, établissement public autonome oblige ! », prévient d’entrée Philippe Lechat, responsable du groupement administratif et financier au Sdis de la Sarthe. Rares sont en effet les établissements à disposer d’un service spécialisé. Placés sous la responsabilité de personnels administratifs, techniques et spécialisés (PATS) ou dirigés par des officiers, tel le commandant Benjamin Barthe, chef du groupement des finances dans l’Eure, « les achats sont plus généralement répartis entre les pôles techniques, chargés du sourcing et du benchmarking, et une fonction marchés, intégrée, soit au service juridique, soit au service finances », résume Marie-Claire Bertin, la cheffe du service des marchés publics du Sdis de l’Eure.

Pour exemple, « Le pôle Finances, administration et juridique du Sdis de Moselle englobe une entité marchés publics/achats qui anime, au sein de l’organisation, tout un réseau de techniciens acheteurs dédiés (casernement, pharmacie, logistique…) dotés chacun d’un budget. Au-delà, l’entité achats est saisie pour aider à l’analyse du besoin et élaborer un cahier des charges pertinent dans le cadre de la procédure idoine », détaille le chef dudit pôle, Adnane Laamach.

Le souci du sourcing

De l’identification du besoin à l’exécution financière, le travail en équipe est ainsi privilégié. L’affirmation vaut avec les « clients internes » dont les demandes remontent des centres de secours et de l’état-major. « Toutes découlent du Schéma départemental d’analyse et de couverture du risque (Sdacr), qui inventorie les risques de toute nature sur un territoire donné et cadre ainsi les moyens adéquats dans une programmation pluriannuelle », explicite Adnane Laamach.

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De fait, du casque emblématique à 500 euros au fourgon pompe-tonne mille fois plus cher en passant par les services de santé et de secours médical (SSSM) et la formation, la nomenclature achats des Sdis couvre de nombreuses familles de produits et de services, à 80 % techniques… « Jusqu’à 5 000 références rien qu’à la logistique pour ce qui concerne l’Eure », pointe Marie-Claire Bertin.

 

Mais que ces achats renvoient à un référentiel normatif très précis, comme les tenues de feu, ou qu’ils s’avèrent non normés, une même dynamique partenariale préside aussi aux relations fournisseurs depuis que « l’ouverture aux consultations préalables a introduit une vraie pratique du sourcing et du benchmarking », assure Anne-Marie Morice, responsable de la commande publique au Sdis d’Ille-et-Vilaine.

L’optimisation par les mutualisations

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Au regard du poids de ces achats dans les budgets départementaux et de la montée en puissance des marchés zonaux, « l’opportunité d’une mutualisation est par ailleurs désormais recherchée pour chaque besoin », soutient Philippe Lechat. D’abord avec d’autres Sdis bien sûr, pour le périmètre métier. Ainsi, « le Groupement des Sdis du Grand Ouest permet de massifier les commandes d’une quinzaine d’établissements sous le pilotage des plus importants d’entre eux », décrit Anne-Marie Morice. Les liens se multiplient aussi avec les conseils départementaux pour coordonnateurs, à l’image du Sdis 57 qui, « après avoir conventionné l’an dernier avec la Moselle pour les pièces détachées, se prépare à réitérer pour les fournitures de bureau », rapporte Adnane Laamach.

De son côté, le SDIS de la Sarthe affiche aussi un rapprochement avec le GIP GREDHA pour la gestion des DASRI ou avec la Direction des approvisionnements en produits de santé des Armées. Sans compter, comme ses pairs, les conventions avec plusieurs centrales d’achat : l’Ugap pour le matériel opérationnel, le Resah pour l’informatique et la téléphonie, ainsi que l’incontournable Union logistique interservices de secours (ULISS), groupement national créé par les Sdis eux-mêmes en 2014 et auquel ils recourent notamment pour rationaliser et optimiser les achats énergétiques : « 22 % d’économie dès le premier contrat et un gain de temps considérable sur ces dossiers particulièrement complexes », s’en félicite encore Philippe Lechat.

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