Région Sud : juristes et acheteurs sous la même bannière

Les nerfs des acheteurs et des juristes de la région Sud Provence Alpes Côte d’Azur ont été mis à rude épreuve pendant l’épidémie. L’exemple donné par les services de la région permettra à ceux qui hésitaient encore de lever leurs derniers doutes : les deux métiers peuvent cohabiter au sein d’une même direction et affronter ensemble les pires situations de crise.
© Epictura
L’intérêt des situations de crise, c’est qu’elles permettent de valider en temps réel la pertinence d’une organisation, l’efficacité d’une stratégie de management, mais également d’ouvrir de nouvelles perspectives. À Marseille, l’option retenue par la région Sud de réunir juristes et acheteurs au sein d’une même direction a été mise à l’épreuve du feu. L’équipe de la commande publique et des achats de la région n’aurait jamais pensé être confrontée à une telle situation. Cette crise aura pourtant permis de montrer l’efficacité du tandem juriste acheteurs.

Laurent Besozzi © A.Repessé

Un tandem qui a autorisé une réactivité assez étonnante alors que le télétravail était de mise au conseil régional depuis le 12 mars, avant même que les mesures de confinement ne soient imposées par l’État. En première ligne, les acheteurs et les juristes : « Le télétravail n’était pas pour nous une nouveauté, explique Laurent Besozzi, le directeur de la commande publique et des achats, sur 35 agents 31 étaient déjà équipés d’ordinateurs portables pour travailler à distance ». L’habitude du télétravail, d’accord. Mais peut-on s’habituer à l’imprévisible ?

La proactivité du tandem juristes acheteurs

L’imprévisible, Laurent Besozzi et son adjointe Françoise Couderc y ont très vite été confrontés : pendant plusieurs semaines, avec leurs deux chefs de service et leurs équipes, ils ne comptaient plus les heures, ni les décharges d’adrénaline… Le vendredi 20 mars en fin de journée, avant même que le décret qui devait lui permettre d’importer des masques soit publié, Renaud Muselier transmettait l’information à Franck Olivier Lachaud, son DGS. Quelques instants après, c’est le téléphone de Laurent Besozzi qui sonnait : « Nous devions passer en urgence une première commande de plusieurs millions de masques ».

Le pont aérien

Le pont aérien

Juristes et acheteurs s’y mettent immédiatement. Dans les services achat et commande publique, les équipes de Jean-Michel Durand et Géraldine Vella ont le week-end pour trouver cinq millions de masques de protection : « Il leur a fallu identifier des transitaires français et limiter ainsi les risques, s’assurer que les masques proposés répondaient bien aux normes, négocier les prix, les conditions, les délais de livraison, et enfin préparer les contrats… ».

Renaud Muselier

En un temps record, la direction de la commande publique et des achats pouvait présenter un dossier d’achat en procédure d’urgence impérieuse. Le président de la région Sud était donc en mesure d’annoncer dès le 22 mars que la fabrication des masques était lancée. « Sans cette parfaite synergie entre juristes et acheteurs, il était impossible de répondre en trois jours seulement à la demande de l’exécutif », d’autant que tous les acheteurs de la planète se battaient alors pour trouver des masques.

Et après l’épreuve du feu ?

Dans les collectivités comme dans les hôpitaux, une telle pression sur l’encadrement et leurs équipes conduira inévitablement à une évolution des pratiques managériales. La reconnaissance et la valorisation des équipes par leur hiérarchie deviennent aujourd’hui des impératifs qui ont été mis en évidence par de très nombreux reportages sur le travail des femmes et des hommes de l’ombre.

« Cette crise va profondément modifier les pratiques professionnelles de nos organisations, convient Laurent Besozzi, la confiance, la liberté dans les moyens d’atteindre nos objectifs et bien sûr le télétravail ont démontré leur efficacité. Nous allons enfin véritablement passer d’un management par la pointeuse à un management par objectif. Il faudra être également très attentif à respecter, dans ce nouveau mode de management, la séparation entre vie professionnelle et vie privée ».

Comme le soulignent plusieurs cadres que nous avons pu interroger dans les collectivités, la porosité entre les sphères privée et professionnelle a été l’un des travers du télétravail. Un travers qui pour certains cadres dirigeants était difficilement évitable en situation de crise, sauf pour ceux qui avaient eu la sagesse de “débrancher” le soir et le week-end lorsqu’ils n’étaient pas d’astreinte. Plus facile à dire qu’à faire, surtout lorsqu’on n’est pas du bon côté de la barrière…
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