Premier tableau européen des achats hospitaliers

C’est une première. Les résultats d’un baromètre européen ont été dévoilés lors des dernières journées de l’achat hospitalier à Montrouge. Définition du juste besoin comme mission principale, sécurisation des approvisionnements priorité de l’année 2022, manque d’effectifs, généralisation des démarches d’achat responsable…Cette étude pionnière, qui sera reconduite l’année prochaine, tend à montrer que les objectifs et problématiques des acheteurs du monde de la santé ignorent les frontières.

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76 organisations répartis dans 13 pays européens différents, y compris hors de l’Union. Le résultat de ce premier baromètre européen des achats hospitaliers, réalisé grâce au concours d’EHPPA, réseau de centrales d’achats fondé par le Resah, est encourageant, même si les pays latins (France, Espagne, Italie) et le Bénélux sont fortement représentés avec respectivement 43 % et 21 % de la cohorte.

Les établissements hospitaliers forment le gros des troupes (65,7 %, dont 39,7 % de CH, 15 % de CHU et 11 % de GH) devant les centrales nationales (15 %) et les centrales régionales (13,7 %). Un panel constitué à 70 % de structures publiques et 29 % d’organisations privées à but non lucratif. La très grande majorité des répondants sont des praticiens de la matière : plus des trois quarts, lorsqu’on additionne responsables des achats (37,3 %), acheteurs (22 %) et directeurs des achats (21 %). Directeurs généraux (10,4 %) et des pharmaciens (9 %) complètent le tableau.

La fonction achat perçue comme stratégique

Proposée sous forme d’un QCM agrémentée de questions ouvertes, l’enquête, administrée en ligne en octobre et novembre, portait sur quatre grands thèmes. Premier volet : la place de la fonction achat dans l’organisation. Premier point important, 65,8 % des professionnels déclarent que la fonction achat est aujourd’hui considérée comme stratégique au sein de leur structure.

Parmi les principaux objectifs, la recherche du meilleur ratio qualité/prix emporte la « pole position », devant l’apport à la transformation et à la modernisation de l’organisation. Plus étonnant, faciliter l’accès de PME innovantes figure devant la performance de l’établissement ou bien encore la recherche d’économies.

Mission n°1 : définir le juste besoin

La définition du juste besoin avec les utilisateurs (60 %) fait partie du trio de tête des principales missions assignées aux fonctions achats. Très loin devant la sécurisation juridique des consultations ou le pilotage des relations fournisseurs. La problématique fait d’ailleurs aussi partie des trois leviers essentiels utilisés pour atteindre les gains achats, en compagnie de la mutualisation et du sourcing destiné à stimuler la concurrence.

En 2022, la sécurisation des approvisionnements incarne la priorité des priorités, un résultat corroboré par la récente enquête menée dans le cadre hexagonal par les élèves-directeurs de l’EHESP (lire notre article du 8 décembre 2022).

Le manque d’effectifs, souci partagé

Deuxième aspect étudié par le baromètre : les conditions de travail. Au chapitre des outils, 56,6 % des personnes interrogées indiquent bénéficier d’un système d’information dédié aux achats. Un chiffre, verre à moitié plein ou à moitié vide selon qu’on sera optimiste ou esprit chagrin, à rapprocher là encore des résultats de l’étude EHESP pour la France (48 %). Précision importante, bien qu’ils indiquent ne pas avoir de SIHA sous la main, 19,7 % des répondants précisent toutefois qu’une réflexion est en cours à ce sujet.

Même s’il faut prendre ses résultats avec précaution, le premier baromètre semble indiquer que le manque d’effectifs n’est pas l’apanage des établissements français. L’insuffisance des ressources humaines est citée par quasiment 50 % de l’échantillon, devant la difficulté à calculer la performance et l’inadaptation des systèmes d’information, parmi les principales barrières que rencontrent les acheteurs. Les acheteurs experts dans certains segments resteront, pour la moitié du panel, l’essentiel des compétences recherchées dans les années à venir. Mais les managers de projet, les experts de la conduite du changement et les gestionnaires de données font aussi partie des cibles.

Généralisation de l’achat responsable

Signe des temps, l’application de la réglementation ne fait plus partie du podium des cauchemars de l’acheteur (6e sur les 7 barrières proposées). De même, seuls 28 % des professionnels jugent que la réglementation des marchés publics est inadaptée à leur activité.

Dernière thématique de questionnement, très en vogue, celle du développement durable. Une préoccupation définitivement entrée dans les mœurs, si l’on en croit le baromètre. En effet, 84,2 % des répondants déclarent que leur organisation est engagée dans une démarche d’achat responsable. Et 62,7 % assurent que cette dernière a été formalisée officiellement, d’une manière ou d’une autre (charte, stratégie, plan d’action…).

Bien que l’approche soit difficile à déployer simultanément, 35 % des répondants affirment qu’elle concerne l’intégralité des familles d’achats. Dans le cas contraire, les déchets, les dispositifs médicaux et les prestations hôtelières sont les segments les plus régulièrement cités. Cette nouvelle politique se concrétise essentiellement grâce à deux outils : l’insertion de clauses environnementales sociales (60 %) et par la prise en compte du cycle de vie.

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