Noëlle Lacotte-Depelley, une Limougeaude en Hauts-de-France

Après le GHT du Limousin, Noëlle Lacotte-Depelley continue de labourer le sillon de la mutualisation territoriale. Mais cette fois, la professionnelle au parcours et au profil atypiques a choisi de partir plein nord et d’élargir son espace d’intervention. Elle est, depuis septembre, coordinatrice du groupement régional d’achat multisegments des Hauts-de-France. Avec force et détermination.

« Je suis profondément atypique », annonce tout de go Noëlle Lacotte-Depelley. « Même vestimentairement parlant, je ne suis pas dans les standards », ajoute-t-elle en riant. Passionnée par l’histoire de la Grande Guerre, cette Limougeaude pur sucre est aussi une adepte du krav-maga – art martial et technique d’autodéfense pour les non-initiés – et une créatrice de mode, conceptrice de sacs et petits accessoires en tissu… « Depuis l’enfance, j’aime imaginer des objets à partir de rien. »

Sortir des chiffres pour retrouver de l’humain

Pas vraiment l’image qu’on se fait habituellement d’une spécialiste des finances. Car, croyez-le ou non, Noëlle Lacotte-Depelley a commencé sa vie professionnelle dans la comptabilité, après un BTS et une maîtrise de sciences et techniques ad hoc. Des embauchoirs à chaussures aux cartons ondulés en passant par les meubles, la décennie qui suit ses études l’oblige à gérer des situations pour le moins compliquées, entre plan social et déboires financiers de ses employeurs. « Cela n’a pas été facile », reconnaît-elle,  « le début de carrière a été très formateur ».

« J’ai toujours été attiré par les chiffres, mais au bout d’un moment j’ai voulu en sortir, et élargir mon panel de compétences », enchaîne-t-elle. En 2003, elle devient économe d’un institut médico-éducatif de l’APAJH de la Haute-Vienne. « J’en avais assez qu’on raisonne uniquement en chiffre d’affaires et en marge. Je voulais retrouver de l’humain », commente Noëlle Lacotte-Depelley. Sept ans plus tard, elle prend les fonctions de responsable des moyens généraux pour l’ensemble des sites de l’APAJH dans le département.

Baptême du feu pendant la première vague

Au printemps 2020, elle pousse la porte d’un autre monde, celui des achats hospitaliers. « J’ai été recrutée avec une double casquette. 20 % comme responsable achat des DM non stériles et des achats généraux du CHU de Limoges, et 80 % comme coordonnatrice GHT ». Elle se souvient comme hier de son baptême du feu. « Je suis arrivée le 9 mars. Une semaine après démarraient le confinement et la course aux masques et blouses… ».

Le dossier territorial l’a évidemment beaucoup marquée. Au démarrage, tous les établissements ne sont pas convaincus de l’intérêt d’une telle démarche mutualisée. Noëlle Lacotte-Depelley se heurte aux résistances locales et aux habitudes bien ancrées. « Je vais perdre du temps, cela coûtera plus cher, je vais perdre le contact avec mes fournisseurs locaux… Qu’est-ce qu’on a pu entendre… ». Il en faut plus pour la décourager. Sa devise, tirée des arts martiaux,  reste « force et détermination ». « J’ai pris mon bâton de pèlerin et je suis allé voir les 18 établissements pour créer du lien, monter des groupes de travail sur plusieurs sujets ».

Plaidoirie en faveur de l’approche GHT

Inlassablement, elle développe son argumentaire : il vaut mieux s’approprier le GHT plutôt que de le subir, et remonter les besoins afin qu’ils correspondent aux appels d’offres. Elle met en avant les bons côtés, répétant qu’il faut regarder l’ensemble des gains générés par la mutualisation, au lieu de se focaliser sur un marché moins intéressant. Noëlle Lacotte-Depelley en fait de même à l’occasion du déploiement d’un SIHA commun. « Ce n’était pas évident, admet-elle, car l’outil était vu comme un moyen de contrôle, alors que cela n’était pas le but. L’objectif, c’est de vérifier la computation des seuils, sécuriser la passation des consultations, et simplifier la vie des établissements pour la quantification des besoins ».

Elle tombe par hasard sur une annonce du groupement régional d’achat multisegments (GRAM) des Hauts-de-France (lire notre article du 20 avril 2021 ) qui recherche son coordonnateur. Le GCS décide de faire confiance à cette femme de terrain qui connaît à la fois le secteur sanitaire et médico-social, et dont l’expérience au GHT Limousin lui a permis d’apprécier la diversité des structures et organisations. « Pour moi, l’important dans un groupement, c’est de connaître chaque acteur. Et je me fais un point d’honneur à visiter nos 124 établissements dans les prochains mois. Faire de la route ne me dérange pas. Je mets ma playlist. Et ça roule… »

Des marchés adaptés à tous les adhérents

Depuis le 5 septembre, elle découvre donc son nouveau territoire, chargé de culture et d’histoire, ses paysages et ses habitants,  les Picards, les Chtimis,  et les « boyaux rouges », sobriquet attribué aux Artésiens.  « C’est une région très attachante. Jusqu’ici, ma seule incursion dans les Hauts-de-France avait été Beauvais pour prendre l’avion en direction de l’Irlande », pointe Noëlle Lacotte-Depelley, très sollicitée dès sa prise de poste.

« L’urgence du moment, c’est de gérer les demandes de hausses de prix des fournisseurs. Il faut aussi beaucoup communiquer et prendre connaissance des dossiers ».  Elle compte bien ensuite relancer d’importants marchés qui arrivent à leur terme, puis recenser les attentes non couvertes.  Avec un credo. « J’ai un cheval de bataille : faire des marchés adaptés à nos adhérents, quelle que soit leur taille. »

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