Nicolas Melouki, acheteur territorial très hospitalier

Le CHU de Bordeaux a choisi, comme responsable des achats, un professionnel qui a de la bouteille. Auparavant sous-directeur des achats de la région Nouvelle-Aquitaine, Nicolas Melouki va pouvoir mettre ses vingt-cinq ans d’expérience, dont une grande partie dans la fonction publique territoriale, au profit de l’établissement de santé girondin.

« Je suis tombé dans les achats par hasard. » Mathématicien de formation, Nicolas Melouki se rend compte, à l’université, que l’enseignement n’est pas vraiment fait pour lui. C’est en parcourant un ouvrage qu’il découvre le métier d’acheteur. Il suit alors un cursus international mis au point par la firme Peugeot et la London Metropolitan University. Six mois à Exincourt, dans les faubourgs de Sochaux, fief de la marque au lion, et six mois de l’autre côté de la Manche.

Mais au terme du diplôme, il préfère l’agroalimentaire à l’automobile et rejoint, en 1997, le groupe Intermarché. À 25 ans, le voilà responsable des achats et des approvisionnements d’une usine de fabrication de produits glacées, proche de Vitré, avec un portefeuille d’environ 100 millions de francs à gérer. En 2000, il est embauché par une entreprise spécialisée dans le négoce de fruits secs à coques.

Acheteur et commercial, une double casquette précieuse

« J’étais à la fois acheteur de la matière première et commercial pour la revente à de grands industriels ».  Une double casquette très formatrice sur la décomposition des prix qui lui sert toujours. « Pendant quatre ans, j’ai beaucoup appris sur les leviers qu’il était possible d’actionner avec les fournisseurs et détecter les points sur lesquels on pouvait négocier ».

De 2004 à 2008, il pilote la « supply chain » d’un fabricant de portes de placards. « Je m’occupais de toute la partie logistique : transport des matières et approvisionnement des lignes de production en bois, acier ou aluminium, matières qui étaient déjà à l’époque sujettes à beaucoup de fluctuations ». Après une expérience dans le négoce international des poissons, il est attiré par le bing-bang des achats dans le secteur public.

Sous le charme de la territoriale

À l’époque, le gouvernement, suite à la remise du rapport Saint-Pulgent, met sur les rails la création de l’agence des achats de l’Etat, ancêtre de l’actuelle DAE. « J’ai entendu le ministre du Budget (Eric Woerth, NDR) déclarer vouloir attirer les acheteurs du privé pour accélérer la professionnalisation. Cela m’a mis la puce à l’oreille », se souvient Nicolas Melouki.

Il envoie alors son CV à des mairies. Mais il est retoqué en raison de son ignorance des règles de la commande publique. Pas découragé pour un sou, Nicolas Melouki planche pendant dix mois sur les règles et pratiques de la fonction publique, grâce au programme de reconversion mitonné par l’agence Territoires RH. Des efforts qui paient puisqu’il est recruté en février 2009 comme responsable des achats par la communauté d’agglomération Plaine Commune.  « J’ai tout de suite adoré la diversité des dossiers et le sens de l’intérêt général. La fonction publique territoriale m’a tellement plu que j’ai passé et réussi le concours d’attaché ».

Du Lot-et-Garonne à la Nouvelle-Aquitaine

En 2012, il prend la direction du Sud-Ouest et intègre le conseil départemental du Lot-et-Garonne comme expert achats. Il reste cinq ans à Agen, avant d’entrer au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en tant que sous-directeur des achats d’une entité « de la taille d’un pays ». Sa mission : structurer l’équipe et établir une stratégie au long cours.

Un tel parcours convainc le CHU de Bordeaux de le recruter comme responsable des achats et des approvisionnements. En détachement, Nicolas Melouki a poussé les portes de l’établissement de santé au début du mois de décembre. Il encadre une équipe de 6 acheteurs et de 9 chargés de marchés (sourcing, définition du besoin, rédaction des pièces…) et une trentaine d’approvisionneurs.

Toujours passionné par le métier

Son périmètre d’action est large : prestations hôtelières et hospitalières, biomédical et biologie, produits de santé et DM, soit grosso modo 400 millions d’euros de dépenses par an. À quoi il faut ajouter la coordination des achats du GHT 33. « Lorsque je vois la diversité des sujets à traiter, c’est impressionnant », avoue-t-il bien volontiers.

Il lui faudra bien évidemment « hiérarchiser les urgences ». Parmi les nombreux dossiers en haut de la pile, figurent la cartographie des achats, socle de la définition d’une stratégie, les actions en faveur du développement durable, cheval de bataille du CHU (lire notre article du 24 octobre 2022), ou encore la sécurisation juridique avec la computation des seuils. « Je veux aussi stabiliser mon équipe afin de pouvoir avancer sereinement avec elle », ajoute-t-il.

« Quelle que soit la structure, on se rend compte que les problématiques achats sont exactement les mêmes :  définition du besoin, rédaction du cahier des charges, simplification des procédures, gestion de la relation fournisseur… » S’il est philosophe, Nicolas Melouki a aussi conservé l’enthousiasme rafraîchissant de ses débuts. « Je m’éclate encore aujourd’hui avec ce métier.  Je le dis souvent à mes collègues : il faut plus d’une carrière pour réussir à tout voir ! ».

 

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