L’OCDE plaide en faveur de la professionnalisation de l’achat public

Pour l’OCDE, le pilotage des marchés publics, levier essentiel des politiques publiques, implique des ressources humaines compétentes. L’organisation internationale vient de publier un rapport d’orientation recensant les outils et les bonnes pratiques pour évaluer et améliorer la professionnalisation des achats. Avec un chapitre entier consacré aux mécanismes capables d’attirer et de fidéliser les talents.

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En 2019, les marchés publics représentaient 12,6 % du PIB et 29,6 % des dépenses publiques totales des pays de l’OCDE. À ce poids financier s’ajoute l’impact politique. Nul n’en doute aujourd’hui, l’achat est un levier majeur des objectifs définis par les pouvoirs publics, qu’il s’agisse du développement durable, de l’innovation, du soutien aux PME ou de l’insertion.

Dans un monde en constante mutation, l’achat devient complexe et implique nécessairement des compétences. Certains pays ont pris le taureau par les cornes. De 2020 à 2022, la Pologne a mis en œuvre un cycle « Professionnalisation du personnel en achat public », composé de formations et de conférences, suivi par près de 2000 agents. En octobre dernier, la Finlande a démarré son premier programme de mentorat pour les professionnels des marchés publics.

Acheter, un métier à part entière pour 38 % des pays de l’OCDE

Pour autant, la professionnalisation des acteurs du processus achat reste à parfaire. En 2020, 38 % des pays de l’OCDE reconnaissaient que l’achat public est un métier à part entière. Un score en hausse mais qui montre les progrès à accomplir.

C’est pourquoi l’organisation internationale vient de publier un document d’orientation destiné à encourager la poursuite du mouvement. L’étude évoque les trois étapes clefs (évaluation du niveau des acheteurs, définition et mise en place d’un stratégie efficace de professionnalisation). Elle rappelle l’existence de plusieurs outils : ProcurCompEU, que la Commission européenne met gratuitement à disposition depuis 2020, et qui définit 30 compétences et aptitudes clefs, ou encore MAPS (Supplementary Module on Professionalisation of Public Procurement), norme d’évaluation valable partout sur la planète.

Comment attirer et garder les talents

Une fois n’est pas coutume, le rapport met en avant des retours d’expériences pour valoriser la fonction, fidéliser les acheteurs ou attirer les talents, avec des mécanismes incitatifs, financiers ou non. Comme chacun le sait, le salaire est un problème.  Pour ne donner qu’un exemple, la rémunération moyenne annuelle des acheteurs publics au Royaume-Uni en 2021 atteignait 43 400 livres sterling contre quasiment 50 000 dans le privé. Et le salaire médian d’un acheteur (35 820 livres) se classait 17e sur 29 professions au sein de la fonction publique britannique.

Il faut donc jouer sur d’autres facteurs comme le contenu du job et les possibilités de se perfectionner ou de progresser. Dans le but de recruter 1000 acheteurs, le gouvernement fédéral canadien a lancé un site web dédié, en précisant les rémunérations, les avantages sociaux (régime de retraite attractif), le télétravail et en mettant en avant les possibilités d’évolution de carrière. En Écosse, un programme, baptisé « Procurement People of Tomorrow », vise à promouvoir le métier d’acheteur dans les milieux universitaires.

Aux antipodes, la Nouvelle-Zélande organise tous les ans des prix d’excellence (jeune pro de moins de 30 ans, équipe la plus efficace, projet le plus innovant…). En 2016, les lauréats ont gagné le droit de participer, tous frais payés, à une conférence internationale sur les achats, quel que soit l’endroit du monde où elle était organisée.

Pour télécharger le document d’orientation de l'OCDE

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