Un bloc opératoire vert au GH de l’Ouest Lémanique

En Suisse, dans le canton de Vaud, le Groupement Hospitalier de l’Ouest Lémanique a développé un projet de “bloc opératoire vert” au sein de l’Hôpital de Nyon. Son déploiement va se dérouler en plusieurs étapes dans les prochains mois, avec notamment le lancement des travaux de rénovation qui vont s’engager dans la zone opératoire. Déjà mise en œuvre, l’une des mesures concerne la capture des effluents d’agents anesthésiques expirés afin d’éviter leur rejet dans l’atmosphère et prendre en charge leur retraitement.

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« Même si notre projet de bloc opératoire vert est conduit par les équipes du bloc, il ne peut se réaliser qu’avec le soutien de la logistique pour les recherches et les commandes éventuelles de matériel, ainsi que pour l’évacuation et le tri des déchets, explique Bruno Weiss, le directeur de la logistique, et ce n’est pas rien quand on sait que certaines opérations peuvent produire jusqu’à 27 kilos de déchets ». Au quotidien, le bloc produit 30 % des déchets de l’hôpital (hors médicaments et déchets de soins infectieux), pas loin de 13 tonnes par an.

Capture des effluents

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Initié au début de l’été 2020, le « masterplan » devrait voir le jour en juin, avec un peu de retard sur le calendrier initial, crise sanitaire oblige. « Durant plusieurs mois, les équipes médico-soignantes du service d’anesthésiologie ont testé et éprouvé ce système de capture d’effluents avant de valider son implantation au sein du bloc opératoire de l’hôpital, confie le Dr Christoph Abegg, médecin chef co-responsable du service d’anesthésie, d’ordinaire les gaz anesthésiques expirés par les patients durant l’anesthésie sont évacués dans l’environnement. Or, le relâchement de ces substances présente des conséquences néfastes pour l’atmosphère, alerte-t-il, le secteur hospitalier doit considérer son impact sur le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre ».

Au-delà de la réduction de la pollution générée par la pratique médicale, ce système innovant affiche d’autres avantages comme une facilité d’utilisation pour les équipes, l’absence d’impact dans la prise en charge des patients et sa très faible consommation d’énergie. Outre la démarche environnementale que poursuit l’hôpital, Bruno Weiss se félicite du type de pilotage retenu que l’on pourrait qualifier de participatif : « Nous avons constitué un groupe de travail pluridisciplinaire, piloté par le pôle anesthésie, auquel participe notre responsable des achats et du magasin, car outre le tri et la destruction des déchets, nous intervenons également pour le sourcing de produits alternatifs ».

Une réflexion pluridisciplinaire

Bruno Weiss © GHOL

En lien avec les fournisseurs, les acheteurs doivent également pouvoir arbitrer sur les conditionnements : « Dès la procédure d’achat, il nous faut raisonner en termes de logistique, explique Bruno Weiss, car nous devons penser à la chaine de collecte et de tri des déchets ». Effectivement, quand on pense au volume et à la diversité des déchets à collecter et à trier, il vaut mieux qu’acheteurs et logisticiens travaillent en bonne intelligence. Installé au bloc opératoire, le dispositif de capture des effluents d’agents anesthésiques expirés est composé d’une cartouche remplie de charbon actif issu de la noix de coco, cette dernière absorbe et retient les gaz anesthésiques volatiles. Dans une démarche totalement verte, le contenant fabriqué en polypropylène est recyclable.

« L’hôpital dispose de sa propre déchetterie, dit Bruno Weiss, et nous avons profité de l’occasion pour réfléchir à la réorganisation du process de tri, afin de distinguer par exemple les plastiques souples du flaconnage ou encore le non-tissé des champs opératoires… ». La déchetterie de l’hôpital réceptionne différents types de déchets qui sont ensuite collectés par le fournisseur chargé de leur recyclage ou de leur élimination : déchets à risques infectieux, médicaments, déchets standards, flaconnages, cartons.

Plus-value pour l’hôpital

« D’autres types de déchets sont également à trier (verres, capsules de café, piles, bois, métaux, documents confidentiels), mais avec les déchets des blocs opératoires, nous devons aller au plus précis, convient Bruno Weiss, car en termes de développement durable, la démarche que nous poursuivons avec le bloc vert donne une véritable plus-value à l’hôpital de Nyon qui est aujourd’hui en Suisse parmi les premiers acteurs hospitaliers à avoir pris cet engagement durable pour réduire la pollution produite par le monde de la santé ».

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En termes de tri et de recyclage, c’est un nouveau challenge pour les équipes logistiques : « Les agents anesthésiques inhalés (à la base d’halocarbures fluorés) sont totalement recueillis et absorbés de l’air expiré par les patients tel que le sévoflurane et le desflurane, détaille le Dr Christoph Abegg, chaque cartouche permet de filtrer de 40 à 50 anesthésies. Un système de suivi de remplissage indique aux équipes à quel moment le filtre doit être remplacé afin de garantir en permanence l’efficacité du système.

Lorsque le dispositif de récupération des gaz est plein, il est changé et collecté par le fournisseur de l’hôpital afin d’être recyclé par une entreprise spécialisée. « Nos équipes sont très motivées, souligne avec satisfaction le directeur de la logistique, le développement durable n’est pas un gadget, et c’est bien pour cela que nous devons impliquer l’ensemble des utilisateurs ».

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