Saint-Maur-des-Fossés : le défi du réemploi haut la deuxième main

Sur la piste de l’économie sociale et solidaire depuis trois ans, la ville de Saint-Maur-des-Fossés a choisi Tricycle Office pour passer à la vitesse supérieure dans les achats massifs de réemploi. Un choix fructueux puisque le tandem vient de recevoir un Trophée du Grand Paris en octobre.

© Ville St-Maur-des-Fossés

Convaincue de la nécessité de passer à des achats plus vertueux, la ville de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) appuie sa transition sur un service d’économie sociale et solidaire créé en 2020. Sa mission ? « Accompagner les services acheteurs et la commande publique dans cette nouvelle formalisation du besoin », explique Mérédith Belliard, cheffe de projet ESS de la cité francilienne.

En trois ans, plusieurs essais ont ainsi été menés, principalement sur des matériaux urbains recyclés. « Mais une opération à grande échelle manquait encore pour nous tester face à la loi AGEC », expose l’experte. L’aménagement d’une nouvelle maison des étudiants va constituer le training parfait.

200 postes à fournir

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Avec le service jeunesse, le besoin est rapidement cerné : 200 chaises et plateaux auxquels s’ajoutent une dizaine de bureaux, quelques armoires, caissons, portemanteaux et mange-debout… De quoi procéder au sourcing, sur la base des contacts collectés par la chargée de l’ESS et, dans la foulée, lancer un marché à bons de commande.

« Dans le réemploi, la commande sur catalogue est évidemment impossible. Appliquée à trois devis, la grille d’évaluation a donc été travaillée à partir du type de matériau, des caractéristiques techniques (dimensions, poids, longévité, maniabilité, hygiène…) mais aussi de la qualité et du design, notre volonté étant bien d’offrir aux jeunes des espaces aussi confortables qu’harmonieux… », rapporte Mérédith Belliard.

Ergonomiques et écologiques

Déjà lauréate d’un marché de plus de 380 postes avec le CNRS, l’entreprise d’insertion Tricycle Office, référencée au Resah, remporte la consultation. « À l’exception des plateaux des étudiants, celle-ci a su nous fournir l’intégralité de la commande, et cela dans une qualité supérieure à ce que nous aurions pu prétendre en neuf pour un montant 70 % moins élevé, soit 8 000 euros », argumente la cheffe de projet.

« Filiale de Tricycle Environnement, qui collecte et valorise les déchets des professionnels, nous sommes spécialistes du reconditionnement et de la vente de bureau d’occasion depuis 2016 », appuie la directrice de ladite structure, Corinne Mosset. Laquelle nous en dit plus sur la prestation : « Nous ne revendons que du matériel de marque entièrement nettoyé, si besoin rénové dans notre atelier (serrures et/ou accoudoirs changés, bureau redimensionné…) et assorti d’une garantie de 18 mois ainsi que d’un rapport RSE précisant les heures d’insertion et économies CO2 réalisées. »

Lutter contre les clichés

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La filière a certes ses particularités, avec lesquelles il s’agit d’apprendre à jouer. Ainsi, bien qu’elle bénéficie d’un gisement permanent grâce aux autres activités du groupe, Tricycle Office, travaille sur le turn-over. « Mieux vaut donc oublier les suivis de gamme et choisir plutôt des lignes classiques intemporelles », pointe Mérédith Belliard. Mais ces points, « inhérents à la filière », n’ont pas empêché la réussite de l’opération, laquelle a même été récemment récompensée d’un Trophée de l’économie circulaire et solidaire – catégorie « Achats Circulaires et Solidaires » – par la Métropole du Grand Paris.

Toutefois, pour Mérédith Belliard, le vrai succès est encore ailleurs : « en permettant de déconstruire les stéréotypes négatifs liés au réemploi, ce marché a convaincu nos élus, agents et administrés du bien-fondé de cette nouvelle voie », se réjouit-elle. Depuis, quatre ateliers en donnent d’ailleurs toutes les clés aux services les plus concernés (achats, informatique/téléphonie, scolaire/cuisine centrale, services techniques/communication), notamment à travers une boîte à outils de critères et clauses appropriés. « Le réemploi s’annonce comme une véritable lame de fond, il faut donc apprendre à surfer sur le haut de la vague », conclut la spécialiste de l’ESS.

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