Restauration : le calculateur gaspillage et impact carbone est disponible

Annoncé lors du dernier séminaire des directeurs achats-logistique du secteur de la santé, l’outil, initié par le CH de Niort, est désormais en ligne gratuitement. Utilisable par n’importe quelle cuisine collective (hôpital, EHPAD, collectivité locale), il a un double usage : jauger le gaspillage alimentaire (Restogaspi) et évaluer l’empreinte carbone des repas fabriqués (Carbone Meal).

Annoncé lors du dernier séminaire des directeurs achats-logistique (lire notre article du 25 octobre dernier), le double calculateur (gaspillage et impact carbone), initié par le CH de Niort est désormais accessible par tous.

Développé en open source par Sémaphore, société implantée dans les Deux Sèvres, et financé par plusieurs partenaires (région Nouvelle-Aquitaine, fondation Carasso, fonds européens), l’outil doit sa naissance suite à une démarche lancée par le CH de Niort sur le gaspillage alimentaire et l’économie circulaire. « L’objectif était de permettre aux établissements de calculer le gaspillage alimentaire sans aller faire de multiples pesées dans les services », cadre Bernard Jourdain, responsable développement durable de l’hôpital niortais.

Convaincre les DG du potentiel d’économies

En saisissant des données de base facilement récupérables (nombre de repas produits sur une période, prix de revient unitaire d’un repas, poids moyen d’un repas, volume des ordures ménagères…), l’outil estime quasi instantanément le gaspillage et ses conséquences financières. Pour une production annuelle de 650 000 repas, avec un poids moyen de 550 g par repas, et 120 euros par tonne de traitement des déchets, on en arrive à 1,8 million d’euros dépensés en pure perte. Et l’équivalent de 289 000 repas jetés à la poubelle. De quoi convaincre les DG de l’étendue des coûts.

Cerise sur le gâteau, chaque cuisine collective peut ajuster les valeurs utilisées pour le calcul. L’outil fonde ses calculs sur les estimations nationales de l’ADEME : 25 % de déchets fermenticides dans une tonne d’ordures ménagères. « Sur cette proportion, on considère que 75 % sont issus du gaspillage », indique Bernard Jourdain, mais si l’établissement a caractérisé ces éléments ou les connaît dans le détail, il peut modifier les valeurs pour mieux adapter le calcul à son cas. »

Deux outils en un

Bernard Jourdain

« Il ne s’agit pas d’être à la virgule prêt », prévient cependant Nicolas Oliver, dirigeant de Sémaphore. Car il s’agit avant tout d’un « outil de sensibilisation » destiné à « dessiner des dynamiques ». « De montrer aux directions le potentiel d’économies et d’obtenir des moyens pour voir comment le réaliser », rebondit Bernard Jourdain.

Sur la lancée, un deuxième outil a été mis en chantier, cette fois pour visualiser le bilan carbone des repas. Le mode d’emploi est là encore très simple. Il suffit de sélectionner des produits (issus d’une base ADEME) et de sélectionner leur qualité et leur origine (département, France, Europe, reste du monde). Puis de mentionner leur volume et leur prix au poids.

L’empreinte carbone apparaît alors quasi instantanément.  Répartie en fonction de chaque catégorie d’aliments ou de plats.  Afin de frapper les esprits, « Carbon Meal » fournit non seulement le résultat en kg/CO2 par personne mais le traduit aussi en km parcourus par une automobile, un TGV ou en nombre de smartphones neufs.

Comparer les menus et mesurer leur impact CO2

L’atout du calculateur, c’est aussi de pouvoir comparer, insistent les concepteurs. Par exemple un légume bio français et son pendant conventionnel de provenance européenne, ou un menu carné, comprenant un steak de bœuf, avec un menu composé avec des protéines végétales. Et de se rendre compte immédiatement de la réduction ou de l’augmentation des conséquences environnementales, sous forme de tableaux ou de graphiques. « On peut jouer avec ces simulations pour montrer à la DG qu’en enlevant tel composant d’un repas, cela a un impact non négligeable sur le bilan carbone et la facture ».

Les deux outils ont été testés auprès de plusieurs établissements de manière itérative (parmi lesquels les CH de Blois, de Millau, le CHU de Saint-Etienne…), ce qui a permis de l’améliorer au fil du temps. Le « Carbone Meal » a ainsi intégré la possibilité d’ajouter des recettes. Dans le but de faciliter l’appropriation, le duo est utilisable en ligne, sans avoir à créer de compte ou de télécharger d’applicatifs. Le stockage des informations saisies est réalisé uniquement via le navigateur. Une fonction permet d’envoyer ses remarques ou ses questions. Le but, c’est que « chacun puisse s’en emparer et le faire vivre », insiste Bernard Jourdain. Destiné à dépasser le simple cadre franco-français, le simulateur sera traduit en anglais et en espagnol.

Pour utiliser l’outil en ligne

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *