Photovoltaïque : le CHCB a bien fait de tomber dans le panneau 

Si le recours à l’énergie solaire n’est pas une solution miracle permettant de couvrir tout au long de l’année l’intégralité des besoins en électricité des établissements de santé, les panneaux photovoltaïques ne sont pas non plus un miroir aux alouettes. Le Centre hospitalier du Centre Bretagne n’a pas ménagé sa peine pour monter son dossier. Mais il peut compter aujourd’hui sur un dispositif produisant 15% de sa consommation annuelle. Avec un impact environnemental réduit de 566 tonnes de CO2.

© DR

Dans le Morbihan, la ville de Pontivy n’est pas connue pour ses températures tropicales, ses longues plages bordées de cocotiers, son ensoleillement exceptionnel et ses alizés. C’est pourtant là, dans cette cité bretonne qui compte à peine 2 157 heures d’ensoleillement par an, quand Aix-en-Provence en aligne plus de 3 000, que le Centre hospitalier du Centre Bretagne a construit une centrale photovoltaïque pour couvrir une partie de ses besoins en électricité.

Un an après, le bilan qu’en dresse Stéphane Audran, directeur des travaux du site de Pontivy, est plutôt positif. Et même plus que positif, puisque les prévisions ont été largement dépassées. Mais pour en arriver à ce résultat le dossier ne s’est pas fait d’un claquement de doigts, d’autant que la centrale photovoltaïque sur ombrières dont il a supervisé les travaux est en autoconsommation totale. Et si, côté investissement, il s’agit bien d’un PPP, ce n’est pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit d’un partenariat public… public !

La main dans la main avec la communauté de communes

Stéphane Audran

« L’une des clés de notre réussite, dans un premier temps, a été l’engagement sans faille des services de Pontivy Communauté, notre communauté de communes », raconte Stéphane Audran, « par la suite, les services du syndicat mixte Morbihan Énergie et de la SEM 56 Énergies ont été associés pour valider les premiers résultats et consolider le montage financier du projet ». Le projet, c’est bien là que tout se joue : « Il doit être adapté tout à la fois à la typologie de l’établissement et à ses besoins, explique Stéphane Audran, ce que nous avons réussi à Pontivy ne le sera peut-être pas ailleurs, même si… »

Le « même si… » de Stéphane Audran ne lui semble pas si restrictif, puisque la centrale photovoltaïque du CHCB a été construite en ombrières sur le parking de l’établissement : « Pratiquement tous les hôpitaux disposent de parkings, explique-t-il, et monter des capteurs sur un parking présente bien moins de contraintes techniques qu’en toiture ». Et de présenter la réalisation qui a été mise en service il y a un an : « Les sept ombrières photovoltaïques disposées en pergolas sur le parking offrent une surface de 4 500 m2, et les 2 628 panneaux solaires qui ont été assemblés développent une puissance de 850 kWc (kilowatts crête), produisant 910 000 kWh, ce qui représente 15 % de la consommation annuelle électrique du site ».

70 % des besoins diurnes couverts entre avril et septembre

Après un an d’exploitation, Stéphane Audran sait que l’estimation sur laquelle a été validé le projet va être dépassée : « Nous avions tablé sur une couverture à hauteur de 60 % de notre consommation diurne d’avril à septembre, or nous avons couvert 70 % de nos besoins sur cette même période ! ». Sur l’année, les résultats ont été supérieurs de 20 % aux prévisions, même s’il faut pondérer ces résultats du fait d’un ensoleillement important.

© DR

Mais ce dont le directeur des travaux est le plus fier, et ce qu’il conseille fortement à ceux de ses collègues qui veulent passer au solaire, c’est de fonctionner en autoconsommation totale de l’énergie produite. « Nous avons créé un poste de transformation élévateur de tension permettant d’injecter le courant produit directement sur la boucle privée haute tension du site (20 000 volts), avec un haut niveau de sécurisation vis-à-vis des contraintes d’architecture électrique de type hospitalier ».

Pour Stéphane Audran, l’intérêt écologique n’est pas non plus à négliger : « Ce sont 566 tonnes de CO2 qui ne seront plus rejetées dans l’atmosphère, dit-il, et quand, grâce au solaire, un très gros consommateur s’efface du réseau national à hauteur de 70 % de sa consommation d’électricité en pleine canicule, c’est là aussi une véritable réussite ».

Financé en partie par l’Union européenne

© DR

Avant que Stéphane Audran ne vous révèle le bilan financier après une première année d’exploitation, il souhaite parler chiffres, justement. Et tout d’abord du temps nécessaire au montage du dossier : « C’est en juillet 2018 qu’a débuté l’étude d’opportunité pilotée par le Conseil en Énergie Partagé du territoire de Pontivy Communauté. Les résultats ayant été très concluants, nous avons signé un an plus tard le contrat de transition écologique. En février 2020 le projet était validé et le Feder débloquait une première subvention de 125 000 €. Il a fallu ensuite attendre un peu plus de deux ans avant la mise en service définitive… ».

Dans le même temps, il a fallu boucler le financement : « L’investissement s’est élevé à 1 255 000 €, financé pour partie par le Feder de l’Union européenne, l’État par l’intermédiaire de la dotation de soutien à l’investissement local et des CEE (155 000 €) le solde, soit 975 000 €, étant autofinancé par l’intermédiaire du syndicat mixte Morbihan Énergie ».

ROI certainement plus rapide que prévu

Estimé à 17 ans lorsque l’étude a été bouclée, le retour sur investissement pourrait être plus rapide que prévu si les résultats enregistrés à l’issue de cette première année continuent à dépasser les prévisions. « Nous étions partis sur des gains de 20 000 € par an, relève Stéphane Audran, à l’issue de cette première année d’exercice, mais compte tenu de la performance de l’outil et des hausses tarifaires nationales par ailleurs, nous en avons réalisé le double ! ».

Mais à qui le CHCB paie son électricité, puisqu’il n’a rien mis au pot ? « Selon les modalités de notre partenariat public-public basé sur l’article L 2511-6 du code de la commande publique, le centre hospitalier s’engage à consommer l’énergie solaire produite au prix fixe révisable du kWh convenu dans le cadre de notre convention ». Public public, comme gagnant gagnant ?

Contact : stephane.audran@ch-centre-bretagne.fr

 

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *