Le Club Pharma du C2DS multiplie les fronts

L’année 2023 promet d’être chargée pour le club des pharmaciens du Comité pour le développement durable en santé (CD2S). Après avoir sensibilisé les parlementaires sur le reprocessing des dispositifs médicaux, il se mobilise pour faire évoluer tant le cadre juridique à l’échelle européenne que les pratiques dans leurs établissements. Et ce, études scientifiques à l’appui.

Après les premiers livrables l’année dernière (lire notre article du 22 juin 2022 ), 2023 a commencé dans la lumière pour le club de pharmaciens du Comité pour le développement durable en santé avec la diffusion en janvier d’un communiqué de presse intitulé : « Autoriser le reprocessing en France : le C2DS en remet une couche ! »

Il a accompagné l’envoi d’un courrier à 45 parlementaires, ceux des commissions des Affaires sociales et du Développement durable, pour leur demander, arguments scientifiques et chiffrés à l’appui, de faire en sorte que le reprocessing des dispositifs médicaux soit autorisé en France « afin de permettre l’avènement d’un système de santé plus respectueux de l’environnement, et par conséquent, plus respectueux de la santé humaine ».

Courrier aux élus

« C’est un signe : deux articles viennent de sortir à ce sujet dans Le Monde et Le Figaro qui pointent du doigt le fait que le secteur de la santé ne se résume pas à des problèmes de burn-out et d’argent, mais aussi un secteur qui agit. C’est important pour les établissements où il faut convaincre les équipes pour les embarquer puis maintenir cette motivation », analyse Véronique Molières, directrice de la stratégie, du développement et de la communication du CD2S, qui apprécie que le grand public soit ainsi sensibilisé au sujet.

© Epictura

Né en 2021, le Club Pharma, qui revendique environ 120 membres -des pharmaciens d’établissements de santé de toutes tailles parmi les quelque 820 adhérents du C2DS- avait déjà envoyé un premier courrier sur le conditionnement aux élus l’an dernier. L’enjeu est vaste : « réduire les difficultés croissantes d’approvisionnement, facteur de désorganisation et donc de risques ; éviter l’incinération de dispositifs médicaux contenant parfois des ressources critiques pour la France tel du platine ou de l’or ; réduire la pression liée à l’extraction minière de ces mêmes ressources ; accroitre l’usage de certaines technologies aujourd’hui limité en raison du coût très élevé des DM ; mettre en place des circuits courts et de créer de l’emploi local, comme c’est le cas en Allemagne », argumente la missive.

Dans l’eau

Le Club Pharma s’apprête par ailleurs à écrire à l’Académie nationale de Pharmacie au sujet des molécules médicamenteuses dans l’eau (lire notre article du 6 septembre 2021). « En 2016, à la demande de la Direction générale de la santé (DGS), elle avait remis son avis sur l’indice suédois PBT (pour persistance, bioaccumulation et toxicité, NDLR), et conclu à la nécessité de poursuivre les recherches en (l’adaptant à la) France. Depuis au Club, le Syndicat des eaux et de l’assainissement Alsace-Moselle a pu présenter les résultats de son étude sur les molécules médicamenteuses dans l’eau de rivière » explique Véronique Molières.

« La chercheuse Audrey Courtier, qui a mis au point un système permettant aux acheteurs des établissements de santé, de simuler la pollution à venir en fonction de l’utilisation de ces molécules (sans avoir les moyens financiers de le finaliser), a pu exposer son travail. Actuellement, le Club Pharma finalise une note de synthèse pour tenter de convaincre l’Académie de Pharmacie à s’auto-saisir et poursuivre des travaux », enchaîne-t-elle. Objectif : se donner les moyens d’acheter de manière plus vertueuse.

Sur le feu

Véronique Molières

Au-delà de l’Hexagone, le Club Pharma entend aussi agir à un niveau supranational. Un groupe de travail constitué de cinq pharmaciens a réfléchi à des recommandations à destination d’inspecteurs pharmaciens de la Direction générale de la santé (DGS) « qui travaillent sur la révision de la réglementation pharmaceutique engagée par la Commission européenne en quête d’une meilleure prise en compte du risque environnemental lié aux médicaments », indique Véronique Molières. « Nous avons eu plusieurs échanges et pu partager nos recommandations, des éléments que la DGS pourra utiliser à son tour pour faire des recommandations au niveau européen », estime-t-elle.

D’autres réflexions sont en cours pour adapter les pratiques sur le terrain. De fait, lors de leur visioconférence mensuelle (en 60 minutes chrono !), les pharmaciens hospitaliers ont par exemple été sensibilisés sur l’usage unique ou multiple de lames laryngoscopiques. À propos de ces dernières, Virginie Chasseigne, pharmacien praticien hospitalier au secteur dispositifs médicaux stériles du CHU de Nîmes, a pu partager son expérience.

La professionnelle de santé a mené une étude et pu mettre en évidence que, dans certaines conditions, notamment de volumes, l’usage multiple de ces outils fait sens. De quoi interpeler les habitudes d’achats, les pratiques des médecins, l’organisation des établissements…  « L’exposé a suscité une immense expression d‘intérêt », se félicite véronique Molières, qui voit là le début d’un travail qui pourra aboutir des changements de comportements durables.

 

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