Le centre de dialyse Artic 42 booste son écoresponsabilité

Après avoir réalisé le bilan carbone d’un de ses cinq sites, l’Association spécialisée dans la dialyse Artic 42, déjà propriétaire d’un bâtiment passif, multiplie les innovations dans le cadre d’une stratégie écoresponsable d’ampleur. Zoom sur sa méthodologie.

© Epictura

Terminé la désinfection systématique des machines de crainte que l’équipe suivante n’ait pas un outil de travail opérationnel en prenant son service. À l’Association régionale pour le traitement de l’insuffisance rénale chronique basée près de Saint-Etienne, baptisée Artic 42 et dotée de cinq sites de soins, la fréquence de ces interventions est désormais fixée à la suite de toute séance de dialyse et à une durée de validité de 72 heures, selon les critères du fournisseur. Ce nouveau rythme a été établi en concertation avec les équipes, dont celles du comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin), du service de l’hygiène. Cette décision intervient dans le cadre plus vaste d’une structuration de l’écoresponsabilité au sein de l’Artic 42.

Une démarche impulsée par la direction

Depuis longtemps inscrite dans une démarche environnementale, l’Artic 42 a franchi une nouvelle étape en 2019 quand elle a, d’une part, ouvert un nouveau centre qui se revendique le premier bâtiment de santé « passif » d’Europe (sans chaudière) et, d’autre part, placé le « développement durable » structurellement au cœur de sa démarche globale, sous la houlette de la néphrologue Perrine Jullien, et avec, au pilotage, la cadre médicotechnique Jocelyne Rey, présente depuis plus de 30 ans.

La stratégie a alors débuté par un diagnostic, mené avec la société d’expertise conseil en développement durable In Extenso en 2020. Au bout de trois mois de travail dont deux visites sur place, cinq priorités ont pu être établies : le pilotage de l’organisation, la gestion des déchets, de l’eau, et l’énergie ainsi qu’une analyse chiffrée des émissions de gaz à effets de serre (GES).

Collaboration inédite pour un bilan carbone

© Epictura

Pour donner plus de chances encore à la démarche, l’Artic 42 s’est également dotée fin 2021 d’un comité de développement durable (C2D) qui a un regard sur tous les nouveaux projets. Cette équipe pluridisciplinaire est composée de 16 personnes (sur un effectif de 202), dont le directeur d’Artic 42, une infirmière, des techniciens, la comptable, la diététicienne etc. « La structure est inscrite dans l’organigramme « qualité et gestion des risques » au même titre que la CME, le Clin… », précisait Jocelyne Rey lors du webinaire « S’organiser pour mettre en place une démarche éco-responsable dans son centre de dialyse », accessible sur le site de la Société francophone de néphrologie dialyse et transplantation. On est loin du gadget ou du vague coup de peinture verte sur la politique de l’établissement.

 Au premier trimestre 2022, l’Artic 42 a pu établir un bilan carbone afin d’être en mesure de s’appuyer sur des données qui correspondent aux pratiques de la dialyse d’aujourd’hui, plus pointues notamment que l’analyse du Shift Project qui porte sur les établissements de santé en général (Lire notre article du 13 mars 2023 ). Et ce, grâce à une collaboration inédite avec l’école d’ingénieurs lyonnaise Ecam LaSalle, The Shift Project représenté par la néphrologue Hafsah Hachad, et l’ensemble des professionnels de l’Association pour la collecte des données nécessaires à un tel calcul.

Les achats à l’origine du tiers des GES

C’est ce travail qui a permis d’établir le bilan carbone 2021 du plus vaste bâtiment de l’Artic 42, le Centre Charles de Gaule (92 salariés, 4500m²) sorti de terre en 2006 et où ont été réalisés « 25 270 séances » cette année-là, précisait Jocelyne Rey lors de la 30ème session nationale de formation d’étude et de perfectionnement de l’Association des techniciens de dialyses (ATD) à Rennes.

Le verdict est sans appel : 31 % des GES émis en 2021 proviennent des achats de produits et services (dont 88 % liés aux médicaments et aux dispositifs médicaux), 25 % des déplacements (dont 71,9 % par les patients), 21 % des immobilisations (dont 27,3 % de l’équipement médical), 9 % du fret, 8 % de l’énergie et 6 % des déchets (dont 44,2 % de DAOM et 29,9 % de Dasri) ! Et « 92 % des émissions sont indirectes, de l’ordre du Scope 3 (NdlR soit l’acquisition des produits, leur transport, etc) d’où l’intérêt de collaborer avec tous les acteurs de mise à disposition de ces intrants », soulignait Hafsah Hachad, à Rennes.

Un processus d’amélioration continue

Fort de ces premiers enseignements et avant d’établir un bilan carbone 2022 de chaque site, l’Artic 42 a multiplié les initiatives pour être éco responsable. Déjà, au quotidien elle incite à la réparation, la rénovation, la réutilisation plutôt qu’au remplacement des équipements. Des consignes sont données au personnel pour fermer les portes des salles de dialyse derrière soi afin de maintenir une chaleur la plus constante et confortable possible à l’intérieur. Les carrés de désinfection de surface des machines sont désormais lavés pour éviter l’usage unique…

Plusieurs réflexions sont également menées de front. Comme la révision des sets de branchements utilisés seulement partiellement. Comme le compostage des biodéchets prévu dès cette année (lire notre article du 17 septembre 2021). Ou encore sur la possibilité de mettre en œuvre, avec la collectivité, une plateforme de covoiturage pour les sites de l’Artic 42 et les établissements de santé alentours. Enfin, plus ambitieux encore, est étudiée l’installation d’un système d’acide centralisé et d’un banaliseur de dasri (lire notre article du 9 mars 2023).

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *