Collèges publics vendéens : la recette d’une restauration bio réussie

Décidé à faire des marchés publics un levier de performance, pour l’institution comme le territoire, le département de la Vendée mitonne depuis plus de dix ans une commande publique créative qui a permis à une offre agroalimentaire locale bio de se structurer pour approvisionner les collèges publics.

D’entrée, Mickaël Tessier, juriste au département de la Vendée, pose le cadre : « les marchés publics ne constituent pas qu’un ensemble de techniques et procédures, mais un outil stratégique puissant au service d’une vision politique et du territoire. »

Pour ce professionnel territorial, qui s’est par ailleurs fait une spécialité des marchés publics de la restauration collective, la ligne est donc claire : si un fruit et légume sur deux est aujourd’hui importé contre seulement un tiers il y a 20 ans, la commande publique peut et doit permettre de régénérer une offre locale qualitative, qui plus est bio, en passe de satisfaire les nouvelles exigences légales.

Les 34 collèges publics regroupés

Le « combat » ne date d’ailleurs pas d’hier. Il débute au début des années 2010 par la création d’un groupement de commandes dédié rassemblant une vingtaine de collèges publics du territoire (aujourd’hui 34)… Un groupement dont la force de frappe sert autant la performance financière de chaque établissement adhérent qu’elle veut déjà soutenir une alimentation de plus grande qualité au bénéfice des 500 quelques collégiens par collège auxquels sont chaque année servis plus de deux millions de repas.

Mickaël Tessier

« Le département en est le coordonnateur en charge de la passation des marchés tandis que les établissements conservent leur indépendance pour l’exécution de ces derniers », précise Mickaël Tessier. Mais si le levier est bien là, le tour du territoire, confié à un conseiller technique de restauration recruté dans la foulée, révèle la faiblesse des surfaces bio départementales. Il fallait donc aussi agir sur le terrain de l’offre.

 

Un volume doublé en dix ans

Le projet d’une plateforme agroalimentaire portée par une entreprise adaptée ouvre ce nouveau champ de possibles en 2011. Subventionnée par la Région et le Département, ladite légumerie, destinée à stocker, éplucher, conditionner et livrer des denrées bio, va, en effet, devenir la pierre fondatrice du dispositif grâce au marché réservé que le département vendéen contracte avec elle pour le compte des collèges publics du territoire.

« Par ce socle qui en a soutenu le développement, la plateforme porte ainsi, dix ans plus tard, l’activité régulière de 30 à 40 producteurs locaux de fruits et légumes « passés au bio » auxquels le groupement, hier acheteur de 80 tonnes de denrées pour un montant annuel de 125 000 euros, commande actuellement plus de 150 tonnes pour plus de 200 000 euros », détaille Mickaël Tessier… Une réussite qui a par ailleurs permis la création de plus d’une dizaine d’emplois à temps plein ouverts aux personnes handicapées.

Accompagner les soumissionnaires potentiels

Bien évidemment, la Vendée ne cantonne pas la réussite de l’approvisionnement bio de ses collèges publics à cette seule plateforme. Mais « l’univers des marchés publics peut apparaître abscons au néophyte », admet le cadre territorial. Aussi ce dernier a-t-il également veillé à encourager la structuration de l’agriculture biologique locale en l’aidant à mieux accéder aux appels d’offres : « pour ce faire, le sourcing, qui ne peut d’ailleurs exclure aucun acteur, qu’il soit ou non « local », ne doit pas se limiter à l’identification des fournisseurs potentiels mais inclure aussi des actions de pédagogie à leur égard, et même les inciter à s’inscrire sur les sites de publication des marchés (profils d’acheteur) afin d’être en mesure d’y répondre au moment opportun », conseille-t-il.

Et, poursuivant les mêmes finalités, le juriste recommande enfin le recours quasi systématique au cadre de réponse technique, « un document qui facilitera grandement la rédaction de l’offre de ces opérateurs locaux peu enclins aux procédures de marchés, souvent dépourvus de mémoire technique type et qui ont besoin d’être guidés dans la soumission de leur offre », précise-t-il. Un « secret » supplémentaire à mettre au profit des recettes de marchés réussis.

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